Science

Scène de crime à la fac : des étudiants plongent dans l'univers fascinant de la science forensique

2025-03-29

Auteur: Léa

Deux corps sans vie et ensanglantés reposent sur le gazon, dans une mise en scène qui pourrait faire penser à un thriller. Treize étudiants en sciences forensiques, vêtus de combinaisons blanches, de lunettes, masques et gants, sont prêts à résoudre leur première scène de crime.

Ces jeunes techniciens, qui étudient à la CY Forensic School de Neuville-sur-Oise, au nord-ouest de Paris, s'apprêtent à valider leur diplôme de "science forensique", une discipline regroupant des techniques essentielles pour évaluer et exploiter des indices criminels. En parallèle de leur formation, ils poursuivent également une licence en biologie, enrichissant ainsi leurs connaissances scientifiques.

Le cursus, établi récemment pour répondre à un besoin croissant de formation en France, a vu le jour grâce à l'initiative de professionnels du domaine, notamment le général de gendarmerie François Daoust. Selon lui, avant l'existence de cette formation, les étudiants devaient se former après leurs études supérieures, souvent au sein de la police nationale.

"Nous avons voulu offrir aux étudiants une approche dès leur cursus universitaire, une vraie immersion dans le monde de l'enquête criminelle", explique-t-il.

Le groupe d'étudiants est divisé en deux équipes. Chaque équipe se voit attribuer un cadavre à analyser. Portant une attention particulière aux détails, ils utilisent divers outils : l'une d'elles collecte des indices en utilisant un sac poubelle, tandis qu'une autre prend des photos des éléments de preuve. L'importance de la procédure est soulignée avec l'utilisation de scellés pour préserver l'intégrité de la scène.

Bruno Dolou, un major de gendarmerie à la retraite, encadre ces étudiants dans leur première expérience concrète. "Ils sont toujours enthousiastes. C'est une occasion unique de toucher du doigt la réalité du terrain", commente-t-il, soulignant l'intérêt croissant pour les formations liées aux enquêtes criminelles.

Avec plus de 600 candidatures pour seulement 20 places disponibles dans ce programme sur Parcoursup, l'engouement est indéniable. François Daoust attribue ce succès à la popularité des séries télévisées comme "Les Experts" et "NCIS", qui fascinent le public et incitent de nombreux jeunes à se tourner vers cette carrière.

Solène Lecarreaux, une étudiante de 19 ans, témoigne de son parcours : "J'ai toujours été passionnée par ces séries, maintenant je me perfectionne à travers des podcasts et des réseaux sociaux, et j'analyse les affaires criminelles en temps réel." Cependant, elle souligne que la réalité du métier est bien différente de ce qu'on voit à la télévision.

Cédric Picot, un enseignant-expert dans le domaine, ajoute : "Il est important de rétablir les mythes que véhiculent les séries. Le rôle des techniciens en police scientifique n'est pas celui d'inspecteurs en costume-cravate."

A côté des étudiants, des professionnels en reconversion s'inscrivent également à ce cursus, cherchant à enrichir leurs connaissances en matière scientifique pour élargir leurs compétences.

Lors de l'exercice, une étudiante se penche sur une bouteille de bière suspecte et constate une possible empreinte digitale. Elle utilise une fine poudre noire pour la mettre en valeur avant de la photographier. "Chaque détail compte et peut aider à identifier un suspect", souligne Bruno Dolou.

Malgré l'immense pression et la responsabilité pesant sur leurs jeunes épaules, ces étudiants sont déterminés à mener leur mission à bien, rêvant de faire un jour partie des équipes criminelles professionnelles. Comme en témoigne Bruno Dolou, "je serais prêt à les recruter, mais ils ont encore beaucoup à apprendre". L'avenir de la science forensique en France s'annonce prometteur, avec une nouvelle génération d'experts prêts à relever le défi.