Nation

Scandale dans l'Église : Le Pape François contredit par des archives révélatrices sur l'abbé Pierre

2024-09-17

FRANCOIS LO PRESTI / AFP

VIOLENCES SEXUELLES - La situation au sein de l'Église catholique est en pleine tourmente.

Alors qu'il rentrait d'un voyage en Asie le 13 septembre, le Pape François a déclaré que le Vatican avait pris connaissance des accusations de violences sexuelles à l'encontre de l'abbé Pierre seulement « après sa mort » en 2007. Cependant, des archives déclassifiées de l'épiscopat français, mises au jour par Libération le 17 septembre, contredisent ces affirmations. Elles révèlent que les préoccupations concernant le comportement de l'abbé Pierre remontent au moins à 1959, soit plus de 48 ans avant son décès.

Signalements dès 1959

Henri Grouès, connu sous le nom de l'abbé Pierre, après un séjour de six mois dans une clinique psychiatrique en Suisse en 1958, avait le projet de se rendre au Canada pour poursuivre ses activités. Toutefois, le Vatican a tenté d'interdire ce voyage. Une lettre de l'ambassadeur du Saint-Siège en France, Monseigneur Paolo Marell, a clairement indiqué que « le Saint-Siège ordonne à monsieur l'abbé Pierre de suspendre immédiatement le voyage qu'il projette en raison des inquiétudes exprimées par les évêques canadiens ». Il est important de noter que malgré ces avertissements, l’abbé Pierre se rendra finalement au Canada, où il éprouvera une forte indignation face aux accusations dont il faisait l'objet, incitant même à une possible poursuite judiciaire contre ceux qui l’auraient calomnié.

Comportement problématique depuis 1957

Les documents examinés par Libération soulignent que la question du comportement de l'abbé Pierre envers les femmes était déjà très préoccupante dès 1957, et qu'il aurait même été sanctionné à plusieurs reprises. Cette révélation jette une ombre sur l'héritage de ce célèbre défenseur des droits des plus démunis.

Réactions à la déclaration du Pape

Les propos du Pape François ont suscité de vives critiques, notamment de la part d'Anne Soupa, présidente du Comité de la Jupe, qui a affirmé que ses déclarations « écrasaient tous les efforts vers l'égalité en France ». Elle a dénoncé l'attitude de l'Église, qualifiant sa position actuelle de perdue dans cette affaire et ne sachant plus dans quelle direction se diriger.

Éric de Moulins-Beaufort, président de la Conférence des évêques de France, a également tenu à clarifier la situation dans une tribune publiée dans Le Monde. Il a affirmé que plusieurs évêques étaient déjà au courant du comportement inacceptable de l'abbé Pierre dès 1955-1957 et a exhorté le Vatican à examiner ses archives. Les mots du président résonnent comme un appel à la transparence : « Il est crucial de savoir ce que le Saint-Siège a su et à quel moment. »

Ce scandale met une nouvelle lumière sur les pratiques de l'Église catholique en matière de gestion des abus sexuels, et la pression monte pour que des comptes soient rendus.