
REPORTAGE. Ordures ménagères : la redevance incitative, entre espoir écologique et mécontentement populaire
2025-03-24
Auteur: Marie
La lutte pour la gestion des déchets est plus que jamais d'actualité dans plusieurs départements français. Du Finistère à la Haute-Garonne, en passant par l'Essonne, des collectivités locales mettent en œuvre la redevance incitative, un système qui vise à ajuster le coût de la collecte des ordures ménagères en fonction de la quantité de déchets non triés jetés par les habitants. Ce dispositif a pour but d'inciter les Français à mieux trier leurs déchets, mais il engendre de fortes tensions, notamment en Dordogne.
Avec l'instauration de cette redevance, les citoyens paient davantage si leurs déchets ménagers sont plus nombreux. Pour suivre cette logique, les communes mettent en place des points d'apport volontaire, laissant certains habitants frustrés par l'absence de service de collecte traditionnel. Florence, une résidente d'une zone rurale, explique : "Avant, les camions passent chaque semaine pour ramasser mes ordures. Maintenant, je dois prendre ma voiture pour aller y jeter mes déchets. C'est une véritable contrainte, surtout pour ceux qui n'ont pas de véhicule".
De nombreux riverains demandent un retour à l'ancienne méthode de collecte. L'une des habitantes a récemment tenté de déposer des déchets plastiques dans une benne pleine, déclenchant son indignation : "Il était beaucoup plus simple de trier avant. Maintenant, je ne le fais plus car c’est devenu ingérable. Les déchets s'accumulent et c'est franchement dégoûtant." Pour l'utiliser, il faut présenter un badge, mais beaucoup d'entre eux se plaignent de la difficulté d'accès aux bennes, notamment les personnes âgées.
Florence, éreintée par la situation, a décidé de renvoyer son badge en signe de résistance. "On nous traite comme des idiots qui ne comprennent pas que c'est pour la planète", signifie-t-elle. Elle a également lancé une association pour défier cette redevance et plaider pour un retour à la collecte en porte-à-porte, bien que sa demande ait récemment été refusée par le tribunal administratif.
Les résultats de cette redevance incitative sont préoccupants. D'après des données de l'ADEME, les dépôts sauvages ont été multipliés par trois dans certaines régions depuis sa mise en place. Certains individus vont même jusqu'à brûler leurs déchets, mettant en péril tant l’environnement que la santé publique. Pour contrer cela, le SMD3, le syndicat des déchets en Dordogne, a instauré un service de verbalisation pour ceux qui abandonnent leurs sacs en dehors des bornes.
"Nous essayons de retrouver les propriétaires en fouillant les sacs pour y chercher des traces", ajoute Pascal Protano, le président du syndicat. Bien que des milliers d'infractions aient été signalées, de nombreux habitants estiment que la redevance incitative implique de payer plus pour un service moins efficace.
L’objectif de la loi de transition énergétique, qui vise une meilleure gestion des déchets, semble encore lointain selon les experts. Bien que des statistiques avancent une réduction de 30% des ordures, beaucoup de citoyens en Dordogne continuent de protester, regrettant l’ancienne méthode, plus simple et plus directe. Dans la majorité des cas, le système qui a fait ses preuves reste la poubelle à puce, permettant un calcul plus juste et une gestion efficace des déchets.