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REPORTAGE. "Les petits commerçants de Pittsburgh tirent la sonnette d'alarme" face aux droits de douane de Donald Trump

2025-03-15

Auteur: Louis

Dans un petit supermarché asiatique au cœur de Pittsburgh, Jim scrute attentivement les nombreuses bouteilles de sauce soja alignées sur les étagères. Chaque mois, il vient faire ses courses au WFH Oriental Market. Des nouilles instantanées aux sauces pimentées en passant par du riz importé de Thaïlande, de Corée ou du Japon, la majorité des produits y sont importés. "La plupart viennent de Chine. Si les droits de douane sur les produits chinois augmentent, cela entraînera une hausse des prix sur tous les produits !", s'inquiète Ben, le gérant du magasin.

Depuis le 4 mars, tous les biens importés de Chine aux États-Unis sont soumis à des droits de douane de 10%, ajoutés à une taxe de 10% déjà en vigueur depuis février. Cette situation découle d'une guerre commerciale initiée par Donald Trump, qui vise à la fois la Chine, le Canada, et l'Union européenne. Pour Ben, cela représente une menace sérieuse pour son magasin situé dans le Strip District, un quartier caractérisé par un mélange d'épiceries fines et d'anciens entrepôts industriels reconvertis.

Dans la section des produits frais, Grace, une cliente, choisit une botte de ciboule. "Pour le moment, les prix n'ont pas changé", constate-t-elle, bien qu'elle se prépare à comparer les tarifs avec d'autres supermarchés asiatiques, de plus en plus rares à Pittsburgh. Son inquiétude est partagée par beaucoup : "Cela pourrait affecter tout le monde à l'approche de l'été."

À quelques pas de là, Tim Piett, qui gère une boutique d’accessoires sportifs, constate déjà un changement chez les consommateurs. Ses ventes de maillots aux couleurs des Steelers et des Pirates ont diminué durant les dernières semaines par rapport à l'année précédente. "Les clients sont moins nombreux et ils déboursent moins d'argent", note-t-il, signalant que les produits qu'il vend, souvent fabriqués en Chine, seront également touchés par la hausse éventuelle des droits de douane.

"Ce n’est pas pour devenir riche que nous travaillons ici", plaisante Jodi Sander, employée d'une boutique d'ustensiles de cuisine depuis 15 ans. Son magasin importe 80% de ses produits de Chine, d'Inde ou du Mexique. "Nous avons déjà absorbé des hausses de prix par le passé. Si ça se reproduit, il faudra jouer sur nos marges plutôt que de répercuter les coûts sur les clients", espère Jodi.

Bill Sunseri, à la tête de Pennsylvania Macaroni, est également prêt à réduire ses bénéfices pour alléger le fardeau de ses clients. Cependant, il se montre prudent, car réduire les marges signifie aussi faire des coupes dans d'autres domaines, notamment concernant son personnel constitué de 27 employés.

Dans ce climat d'incertitude, les clients, comme Louise, une retraitée, expriment des préoccupations quant à l'avenir économique. "Je vais continuer à soutenir les commerces locaux, mais je m'inquiète pour mes enfants si l'économie continue de se dégrader", confie-t-elle. Pour beaucoup, la guerre commerciale actuelle soulève une véritable panique quant à l'issue des affaires de proximité.

Les commerçants de Pittsburgh, tout en ayant le regard tourné vers Washington, se préparent à des bouleversements. Beaucoup se remémorent des moments difficiles, mais aussi des tempêtes qu'ils ont réussi à surmonter. Alors que les décisions de Trump restent imprévisibles, chacun espère que les effets néfastes de la guerre commerciale s'atténueront.