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Reportage "J'ai ressenti un soulagement après mon amputation" : à Doha, les Palestiniens blessés de guerre reçoivent des soins par le Qatar

2024-09-27

Auteur: Julie

Nous avons rencontré Naram, une jeune Palestinienne, loin de chez elle, dans les couloirs de l'hôpital Hamad à Doha, au Qatar. À plus de 1 800 km de Gaza, elle fait partie des rescapés de la guerre entre Israël et le Hamas. À seulement 21 ans, elle se tient debout avec difficulté, aidée par des béquilles, tandis qu’un médecin lui demande de ralentir. Sa jambe mutilée la vide de son énergie, et même cinq minutes debout sont un véritable défi pour elle.

Naram fait partie des 2 500 Palestiniens évacués depuis le début du conflit. Elle a fui Gaza en passant par l'Égypte lorsque la frontière était ouverte et a été transportée par avion médicalisé à Doha, où elle est hospitalisée depuis avril 2024. Bien que son corps soit meurtri, elle reçoit le soutien de sa mère et de sa petite fille Arwa, âgée d’un an et demi.

Son histoire commence avec un bombardement qui a détruit son genou gauche. Après avoir été transportée à l’hôpital d'Al Aqsa à Gaza, elle confronta une attente de cinq heures avant qu'un médecin ne vienne examiner sa blessure. "J’ai continué à saigner, était-elle convaincue de sa mort prochaine. Ma mère espérait que je m’évanouisse pour ne plus ressentir la douleur."

Finalement, lors d'une opération sommaire, les médecins lui disent qu'elle a une chance sur cent de s'en sortir. En souriant, elle mentionne le moment où elle a vu un médecin égyptien, qui, choqué par son état, récitait le Coran. Une lutte pour préserver sa jambe s'engagea, mais l'infection la frappa durement, la menaçant d'amputation.

Le docteur Sandro Rizoli, chef du service de traumatologie de l'hôpital Hamad, témoigne des horreurs qu'il a vues. Plus d'un tiers des blessés évacués sont amputés. "C'est des conditions de guerre qui compliquent la médecine. L’amputation est parfois le seul moyen de sauver une vie, même si cela entraîne d'autres souffrances", explique-t-il. Il souligne que ces amputations sont réalisées dans des conditions déplorables.

Les autorités qataries prennent en charge les soins des patients palestiniens. Ils reçoivent aussi gratuitement des prothèses une fois leur état stabilisé. Le Qatar met en œuvre une large aide humanitaire, mais son soutien est aussi politisé, envoyé comme un message de solidarité au peuple palestinien.

Alors que la guerre continue, les Palestiniens exilés vivent dans un quartier de Doha, dans des résidences construite pour la Coupe du monde de 2022. Leurs fenêtres sont ornées des drapeaux palestiniens, rappelant l'horreur vécue à Gaza. Hassan, un jeune homme de 23 ans, se démène pour partager son quotidien sur TikTok. Amputé d'une jambe et d'un bras, il poste des vidéos où il montre son parcours avec sa prothèse. Il évoque sa solitude et ses doutes, mais aussi sa force retrouvée : "J'essaie de garder le moral car je crois que [l'amputation] était un mal pour un bien. Aujourd'hui, je me tiens debout et je me sens fort comme un roc."

Cette réalité, partagée par tant de Palestiniens à Doha, est celle d'une lutte pour survivre et espérer un jour retourner chez eux, là où la paix demeure un rêve lointain.