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Reportage : 13 ans après le drame de Fukushima, un navire scientifique entend percer les mystères des séismes !

2024-09-15

Le navire de recherche Chikyu s'attaque à un défi phénoménal : enfoncer un tuyau à la verticale dans 7,000 mètres d'eau pour atteindre le sol sous-marin et forer à une profondeur de 950 mètres. Cette expédition se déroule au large des départements de Miyagi et Fukushima, là où le violent tremblement de terre de magnitude 9 a frappé le 11 mars 2011, entraînant la mort de plus de 18,500 personnes et provoquant une catastrophe nucléaire qui a secoué le monde.

Après une première mission en 2012, les chercheurs sont de retour dans cette région du Pacifique pour explorer les dessous de notre planète et comprendre les phénomènes observés depuis ce cataclysme. "Pour assembler un tuyau de 8000 mètres de long à la verticale, il faut un navire de cette taille," explique Nobu Eguchi, directeur des opérations de forage pour l’Institut japonais d’exploration maritime et terrestre (Jamstec).

Le Chikyu, véritable titan des mers, mesure 210 mètres de long et 40 mètres de large, surmonté d’un derrick de 130 mètres. C’est le plus grand navire de recherche océanographique au monde ! Le Japon, situé au confluent de quatre plaques tectoniques, subit chaque année environ 20% des tremblements de terre les plus intenses recensés sur Terre.

L’objectif de cette mission est clair : "Nous cherchons à savoir si, après un séisme de grande ampleur, les forces continuent de s'accumuler," déclare le chef de mission Shuichi Kodaira. Cette occasion unique permet de recueillir des données vitales pour comprendre pourquoi des séismes aussi puissants se produisent dans les zones de subduction.

À bord du Chikyu, 200 personnes, dont une trentaine de chercheurs de divers pays, sont engagées dans cette quête scientifique. Ce sont principalement des ingénieurs et techniciens anglophones spécialisés dans la manipulation d'équipements de forage télécommandés.

Un "grand laboratoire" a été installé à bord du navire pour analyser immédiatement les échantillons prélevés. Nobu Eguchi précise : "Les recherches doivent être conduites immédiatement. Sous la mer, la pression change lorsque l'on remonte à la surface, et avec le temps, les conditions initiales des prélèvements se dégradent. Sans compter que les micro-organismes présents dans ces profondeurs doivent être récupérés rapidement pour être correctement étudiés. Même l’eau contenue dans les roches doit être analysée immédiatement après extraction."

Enfin, cette expédition représente une lueur d'espoir pour mieux prédire les séismes à venir. Si les résultats sont concluants, ils pourraient contribuer à améliorer les systèmes d'alerte préventive et sauver des vies. Le travail de cette équipe de scientifiques pourrait changer notre compréhension des séismes et, potentiellement, la manière dont nous vivons avec eux.