Régulation de l'IA : Londres mise sur l'innovation tout en naviguant dans l'incertitude
2025-01-13
Auteur: Philippe
Malgré les préoccupations croissantes autour de l'intelligence artificielle (IA), le Premier ministre britannique Keir Starmer opte pour une approche audacieuse afin d'attirer les entreprises technologiques. Au lieu de restreindre les innovations par des régulations strictes, le Royaume-Uni souhaite leur permettre de tester librement leurs projets sur son sol. Cette stratégie s'oppose à celle de l'Union européenne, qui a déjà mis en place des mesures réglementaires plus sévères.
"Nous sommes maîtres de notre régime réglementaire depuis le Brexit, et notre but est de promouvoir l'innovation tout en garantissant la sécurité", a affirmé Starmer lors de la présentation de son plan pour le secteur. Il a souligné l'importance de tester et de comprendre l'IA avant de l'encadrer, promettant une réglementation future fondée sur des données scientifiques et adaptée aux réalités du marché.
Le Premier ministre fait face à un défi de taille : faire du Royaume-Uni un laboratoire pour l'IA alors que les inquiétudes liées à la sécurité, à la désinformation et à la confidentialité des données s'intensifient. En raison d'une économie stagnante, il est crucial pour Londres de capitaliser sur le potentiel de développement économique lié à l'IA, offrant ainsi de nouvelles opportunités au pays.
Une course mondiale à l'innovation
Starmer a reconnu que des défis surgiront inévitablement lors de l'adoption de nouvelles technologies. "Au début, une nouvelle technologie peut susciter des craintes et de la prudence, mais nous ne devons pas perdre de vue le potentiel immense qu'elle recèle", a-t-il déclaré.
Les investissements dans la recherche et les infrastructures nécessaires à l'IA se multiplient, représentant des dizaines de milliards de dollars à l'échelle internationale. Le Royaume-Uni, grâce à son approche unique, espère se distinguer de l'UE, qui est à la pointe de la réglementation des géants de la tech, et qui a déjà adopté des lois pour encadrer l'utilisation de l'IA.
Les critiques fusent contre les initiatives de Bruxelles, même de la part d'entreprises européennes, qui estiment que ces régulations pourraient freiner l'innovation. Pendant ce temps, aux États-Unis, l'éventuel retour de Donald Trump, qui prône une dérégulation massive, pourrait accélérer la course à l'IA au niveau mondial, rendant la concurrence encore plus féroce.
14 milliards de livres sterling d'investissement
Le plan britannique pour l'IA comprend environ 50 propositions, incluant des objectifs ambitieux comme multiplier par 20 la capacité de calcul du pays d'ici 2030, grâce à l'implémentation d'un nouveau superordinateur et à la création de "zones de croissance de l'IA". Ces zones bénéficieront d'un traitement accéléré pour la délivrance de permis de construire, facilitant ainsi le développement des infrastructures et des centres de données.
Trois entreprises – Vantage Data Centres, Kyndryl et Nscale – ont déjà promis d'investir 14 milliards de livres sterling (environ 17 milliards d'euros) au Royaume-Uni, ce qui devrait engendrer la création de plus de 13 000 emplois.
Un slogan révélateur du nouvel abord du gouvernement est de donner davantage de liberté aux IA pour utiliser des contenus créatifs, comme la musique, pour leur apprentissage, à condition que les artistes ne s'y opposent pas explicitement.
Cependant, la stratégie de Starmer suscite des interrogations : pourra-t-il réellement équilibrer les bénéfices économiques de l'IA avec les risques qu'elle comporte ? Les travaillistes affirment que les précédents gouvernements conservateurs ont exagéré les dangers de l'IA, au détriment de ses avantages. Avec une économie affaiblie, le défi qui attend Starmer est également d'ordre fiscal, car d'éventuelles hausses d'impôts ou coupes budgétaires pourraient être inévitables pour assurer la relance économique.