"Quatre-vingt-quatre pour cent des Français jugent que le gouvernement est sur le point de s'effondrer. Je m'interroge moi-même sur le lieu où les 16% restants trouvent leur dose d'optimisme!" Avec une pointe d'humour, François Bayrou a présenté ses priorités, le mardi 14 janvier, devant une Assemblée nationale agitée, lors de sa déclaration de politique générale. Décroissance de la dette, réforme des retraites, réforme du mode de scrutin aux législatives... Un mois après sa nomination, le Premier ministre a esquissé les grandes lignes des chantiers à venir, s'adressant à la nation pendant environ une heure et demie.

À l'issue de son discours, le sixième Premier ministre d'Emmanuel Macron a choisi de ne pas demander de vote de confiance, un acte jugé trop risqué dans un hémicycle où le bloc présidentiel, même soutenu par la droite, ne détient pas la majorité. Les différents groupes politiques auront cependant l'opportunité de se positionner sur son programme à travers une motion de censure, que La France insoumise a déposée et qui sera soumise à un vote en fin de semaine. Voici ce qu'il est crucial de retenir de cette déclaration.

Une dette gargantuesque, 'une épée de Damoclès'

Le Premier ministre a ouvert son discours en évoquant la situation alarmante de la dette française, qui s'élève à 3 228 milliards d'euros. "C'est comme une épée de Damoclès au-dessus de notre pays et de notre modèle social", a-t-il déclaré. Il a insisté sur le fait qu'aucune politique de restructuration ne pourrait être adoptée sans prendre cette situation en compte, affirmant que tous les partis au pouvoir portent une part de responsabilité dans cet endettement.

Réforme des retraites en chantier

François Bayrou a abordé le dossier brûlant des retraites, reconnaissant que le sujet "continue de tarauder notre pays". Il a annoncé la création d'une "délégation permanente" qui se réunira avec les partenaires sociaux d'ici vendredi, pour élaborer une réforme équitable. Un accord devra être trouvé dans un délai de trois mois, sinon, la réforme actuelle continuera d'appliquer ses règles.

Budget 2025 : des efforts sont requis à tous les niveaux

Le Premier ministre a souligné l'urgence d'adopter un budget structuré. Avec l'ambition de réduire le déficit public à 3% d'ici 2029, il a interpellé les ministres pour qu'ils préparent des budgets "repensés" dès le printemps. De plus, il a annoncé la création d'un fonds spécial dédié à la réforme de l'État, qui servira entre autres à investir dans l'intelligence artificielle au sein des services publics.

Simplifier la bureaucratie : un défi incontournable

"Notre bureaucratie est lourde, un véritable poids pour notre économie", a exprimé Bayrou, appelant à une simplification urgente des normes en vigueur. Il a proposé une inversion de la charge administrative, incitant les administrations à faciliter les démarches pour les usagers.

Vers une proportionnelle aux législatives?

Dans le domaine institutionnel, Bayrou a réclamé l'adoption du principe proportionnel pour les élections législatives. Sa proposition vise à ancrer ce mode de scrutin dans les territoires, permettant ainsi une meilleure représentation des citoyens.

Immigration : une gestion nécessaire

Sur la question sensible de l'immigration, il a affirmé : "C'est une question de proportions". Bayrou a révélé que 93 % des décisions de quitter le territoire français restent inexécutées, expliquant que cela résulte des pays d'origine qui refusent de réaccueillir leurs ressortissants. En outre, il a promis de réactiver un comité interministériel de contrôle de l'immigration.

Transition écologique : le nucléaire au cœur de la stratégie

Le Premier ministre a défendu l'énergie nucléaire comme étant "essentielle" pour une transition énergétique réussie et décarbonée. Il en a profité pour insister sur l'importance d'une grande conférence nationale concernant la gestion de l'eau et a réitéré son soutien à un plan de promotion du vélo dans les villes.

Éducation : repenser Parcoursup

Avec une inquiétude palpable, Bayrou a critiqué le système éducatif français, en particulier la plateforme Parcoursup qui suscite de nombreux débats. Il a proposé l'idée d'une année d'articulation entre l'enseignement secondaire et supérieur pour mieux répondre aux besoins des élèves.

Une politique du logement ambitieuse requise

Face à la crise du logement, il a appelé à une "politique repensée et de grande ampleur" pour redynamiser la construction et faciliter l'accès au logement pour tous les Français.

Santé mentale : une priorité pour l’avenir

François Bayrou a cliqué sur l’importance de passer d’une logique budgétaire annuelle à un financement pluriannuel des hôpitaux, annonçant que la santé mentale serait la "grande cause nationale" de l’année.

Alors que ces réformes sont très attendues par la population, leurs implications dans la vie quotidienne des Français demeureront à la clé des enjeux politiques pour les mois à venir.