Science

Reconnaître la sentience chez les animaux : un combat face à de vives résistances

2025-01-08

Auteur: Pierre

La notion de sentience, définie comme la capacité des êtres vivants à ressentir des émotions et à percevoir leur environnement de manière subjective, fait débat. Alors que les frontières de cette reconnaissance continuent de s'élargir, particulièrement depuis la prise de conscience que des espèces comme les cétacés, les oiseaux et maintenant même certains invertébrés tels que les céphalopodes (poulpes, seiches) et les crustacés (crabes, homards, crevettes) possèdent cette capacité, nous nous interrogeons : la communauté scientifique et la société seront-elles prêtes à accueillir des changements significatifs d'ici 2025 ?

La sémioticienne Astrid Guillaume, conférencière à Sorbonne Université, rappelle que le terme « sentience », dérivé du mot latin « sentiens », est utilisé depuis le début du XIXe siècle au Royaume-Uni pour désigner l'expérience des animaux jugés les plus avancés. Ce concept marque une étape importante entre la simple sensibilité — que de nombreux organismes vivants, même les éponges et certaines plantes, partagent — et la conscience, réservée traditionnellement aux humains et aux grands singes.

L'essor de cette idée a été propulsé par le biologiste britannique Donald Broom au début des années 2010, qui a écrit l'ouvrage Sentience and Animal Welfare, où il argumente pour la reconnaissance de la sentience dans le cadre du bien-être animal. Cette notion s'est progressivement diffusée dans d'autres langues, mais en France, son acceptation demeure un défi.

Des voix s'élèvent pour intégrer le terme « sentience » dans le dictionnaire de l'Académie française, mais en 2015, cette proposition est rejetée, jugée comme insuffisamment usitée. En 2018, l'Académie vétérinaire de France ainsi que l’Agence nationale de sécurité sanitaire estiment que les notions de « sensibilité » et de « conscience » sont suffisantes pour englober la richesse des caractéristiques psychiques des animaux. Pourtant, ces arguments semblent de plus en plus obsolètes face à la révélation de comportements émotionnels complexes chez de nombreuses espèces.

Un mouvement croissant s'inspire des travaux de recherche en éthologie et en neurobiologie, poussant à une reconsidération des droits des animaux et des lois qui les régissent. En 2023, l'Union européenne a même commencé à intégrer des législations qui prennent en compte la sentience animale, posant un précédent encourageant pour d'autres régions du monde.

Alors, l’année 2025 marquera-t-elle une étape cruciale dans la reconnaissance de la sentience chez tous les animaux ? Les discussions continueront sans doute d'animer les chercheurs, les défenseurs des animaux et le grand public, réclamant un changement indispensable au sein de notre société.