Science

Quand l’intelligence artificielle révèle des trésors archéologiques enfouis sous les déserts

2024-09-26

Les vastes étendues désertiques du Moyen-Orient abritent des trésors archéologiques souvent invisibles aux yeux des méthodes traditionnelles. Récemment, des chercheurs de l'Université Khalifa à Abu Dhabi, en collaboration avec l'Université Sorbonne Abu Dhabi et l'Université Mohamed bin Zayed d'Intelligence Artificielle, ont mis au point une technique innovante qui utilise l'imagerie radar par synthèse d'ouverture (SAR) couplée à des algorithmes d'intelligence artificielle. Cette méthode promet de révolutionner la découverte de sites archéologiques enfouis sous des dunes de sable.

Publiée dans la revue *Geosciences*, cette étude constitue une avancée majeure pour l'exploration des territoires arides, où les tempêtes de sable et la topographie variable rendent l'utilisation des outils optiques peu fiables. Grâce à ces nouvelles technologies, les archéologues peuvent désormais localiser des structures anciennes qui étaient jusqu'à présent inaccessibles, permettant ainsi d'optimiser leur travail de fouille.

Les résultats sont particulièrement prometteurs sur le site de Saruq Al-Hadid, au cœur du Rub al-Khali, le plus grand désert de sable du monde, qui possède des vestiges métallurgiques âgés de 5 000 ans. Avant l'application de ces nouvelles techniques, seules quelques parties du site avaient été explorées, laissant présager un potentiel archéologique immense. L'imagerie radar SAR a réussi à identifier des zones d'intérêt, suggérant la présence de structures enfouies qui pourraient fournir des informations précieuses sur des établissements humains anciens.

Haïfa Ben-Romdhane, une chercheuse impliquée dans ce projet novateur, a souligné que leur utilisation du SAR avait permis de cartographier des artefacts métallurgiques et des céramiques sur une surface d'un kilomètre carré. Ce travail a abouti à une carte détaillée du site, soutenue par des études géologiques et des relevés sur le terrain, offrant ainsi une feuille de route pour de futures explorations.

En plus de l'impact immédiat sur les fouilles archéologiques, cette technologie pourrait également servir de modèle pour des recherches dans d'autres régions désertiques, comme celles d'Arabie Saoudite ou d'Égypte, où de vastes zones demeurent inexplorées. L'intelligence artificielle permet non seulement une analyse rapide de grandes quantités de données mais aide également à réduire les coûts et le temps consacrés aux expéditions de fouille.

Au-delà des déserts du Moyen-Orient, des chercheurs à travers le monde, comme Amina Jambajanstsan, spécialisée dans la détection d'anciennes sépultures en Mongolie, envisagent d'appliquer ces techniques dans des environnements tels que le désert de Gobi, illustrant l'universalité et la flexibilité de cette nouvelle approche.

À l'échelle mondiale, l'adoption de cette technologie nécessitera des investissements significatifs, tant pour le développement de bases de données géospatiales que pour la formation des équipes. Si l'efficacité de l'IA s'avère concluante lors des études à venir, notamment à Saruq Al-Hadid, cette méthode pourrait bien devenir la norme pour les recherches archéologiques dans des régions difficiles d'accès.

L'intelligence artificielle redéfinit donc le paysage archéologique contemporain, fournissant des outils de précision qui ouvrent la voie à des découvertes antérieures impossibles, tout en présentant des défis en matière de validation et d'amélioration continue. Les implications pour l’avenir de l’archéologie sont immenses, et les prochaines excavations pourraient révéler des secrets cachés depuis des millénaires sous les dunes.