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Productivité en France : un retournement surprenant ?

2024-09-23

Auteur: Pierre

L'économie française, souvent perçue comme morose, dévoile pourtant des signaux prometteurs sur le front de la productivité. Alors que Michel Barnier, le nouveau Premier ministre, évoque une situation budgétaire jugée « très grave », des économies du monde entier lorgnent vers la France avec curiosité. La productivité horaire, durement frappée par la pandémie de Covid-19, affiche des signes de rétablissement notables.

Selon Eric Heyer, directeur du département analyse et prévision de l'Observatoire français des conjonctures économiques, entre le deuxième trimestre 2023 et le deuxième trimestre 2024, la productivité a augmenté de 1,3 %. Un chiffre révélateur, qui se situe bien au-delà du rythme annuel d'environ 0,9 % observé durant la période pré-crise.

Conséquences de la pandémie, les confinements et les interruptions de production, combinés aux perturbations d'approvisionnement dues à la guerre en Ukraine, avaient initialement conduit à une chute brutale de la production. Cependant, soutenue par le chômage partiel et différentes aides gouvernementales, le marché du travail a réussi à préserver les emplois. L'essor de l'apprentissage continue également à jouer un rôle clé dans la dynamique du marché de l'emploi.

Entre la fin 2019 et le deuxième trimestre 2024, l'économie française a généré 1,1 million d'emplois. Ce nombre est bien supérieur aux attentes qui auraient vu la création de « seulement » 129 000 postes supplémentaires si la productivité avait stagné. En d'autres termes, Eric Heyer souligne que la France a enregistré un « excédent » de 980 000 emplois par rapport à la croissance prévue.

Attention, professionnels et investisseurs ! La trajectoire future pourrait offrir des opportunités majeures. Les experts préviennent qu'à la sortie de cette phase de crise, il y a eu des révisions de chiffres alarmants. Après avoir initialement estimé des pertes de productivité de 5 % entre mi-2019 et mi-2023, il s'avère que la récession a moins impacté la productivité que prévu. Matthieu Lemoine, économiste à la Banque de France, note que les comptes nationaux publiés en mai révèlent que le PIB a légèrement dépassé les prédictions de l'Insee, offrant une perspective plus optimiste sur le marché de l'emploi.

Cela dit, une part de cette productivité demeure « inexpliquée », représentant encore 285 000 emplois. Ceux-ci sont principalement localisés dans les secteurs de l'industrie et de la construction, démontrant que des zones de croissance restent à explorer. À l’avenir, Eric Heyer anticipe que lorsque l'activité des entreprises redémarrera, cette main-d'œuvre disponible sera intégrée, permettant ainsi de combler ce surplus d'emplois.

En résumé, alors que des nuages sombres planent sur la situation budgétaire, la France semble sur le point de redresser son cap économique. Les prochains mois pourraient s'avérer cruciaux pour déterminer si cette tendance se consolide et si d'autres pays suivront le même exemple.