Procès Ruggia : "La violence des mensonges révélés, une souffrance insupportable", clame l'actrice Adèle Haenel
2024-12-16
Auteur: Julie
Lors d'une interview sur France Inter, lundi 16 décembre, l'actrice Adèle Haenel a partagé son émotion et sa colère face aux faux témoignages entendus lors du procès du réalisateur Christophe Ruggia, jugé pour avoir commis des agressions sexuelles sur elle lorsqu'elle avait entre 12 et 14 ans. Une peine de cinq ans de prison, dont deux ans ferme, est requise contre lui, et le tribunal correctionnel de Paris rendra sa décision le 3 février prochain.
Adèle Haenel a exprimé la difficulté de rester calme dans un contexte aussi intense et dramatique : "La violence des mensonges accumulés est écrasante. M'entendre plaider ma vérité face à un homme qui a détruit mon enfance, c'est insupportable. " À la fin d’une audience particulièrement éprouvante, elle n’a pas pu retenir sa colère, lançant un "ferme ta gueule" au réalisateur, avant de quitter la salle en laissant exploser ses émotions.
"Quand je l’entends dire : 'C’est moi qui lui ai donné son nom', cela constitue une agression supplémentaire. C’est faux et c’est un mensonge. Ça me ramène à ces moments où j’étais sur son canapé, où il me disait 'sans moi tu n’es rien'. Sa violence et son arrogance me tiennent éveillée la nuit", a-t-elle révélé, visiblement marquée.
Dans le cadre de ce procès, Christophe Ruggia a tenté de se défendre, qualifiant les accusations d'"absurdes" et plantant une accusation de "vengeance" contre lui, évoquant le phénomène #MeToo en France. Cependant, Adèle Haenel a rétorqué que les témoignages du prévenu n’apportent aucune explication claire. "Ce procès a permis à tous, y compris à M. Ruggia, de s’exprimer. Pourtant, il a passé beaucoup de temps à parler sans rien expliquer", a-t-elle dénoncé.
Elle se positionne comme la voix de l’enfant qu’elle était, une fille qui n’a jamais reçu la protection nécessaire des adultes entourant la situation. "Je suis ici pour représenter cette enfant, celle qui n’a jamais été protégée. J’ai toujours été décrite comme une adulte dans un corps d’enfant. En grandissant, j’ai pris conscience de ce que cela signifie vraiment. Un enfant de 12 ans devrait pouvoir vivre son enfance sans être adultisé", a-t-elle insisté.
Adèle Haenel a également pointé du doigt la responsabilité des adultes présents pendant les tournages, mentionnant que ses abus se sont déroulés en toute impunité parmi une équipe de professionnels : "Il ne s’agit pas uniquement de Ruggia, mais d’un système dans lequel de nombreux adultes ont laissé faire, se défaussant de leur responsabilité alors qu’il y avait une cinquantaine de personnes autour", a-t-elle conclu.
Alors que le procès continue de captiver l’attention des médias et du public, les réflexions d’Adèle Haenel pourraient bien faire avancer le débat sur la protection des mineurs dans l'industrie du cinéma, mais aussi sur la nécessité d'une réforme structurelle pour éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.