Nation

Procès d’un féminicide aux assises de Niort : «Il y a eu un trou dans la raquette»

2025-01-21

Auteur: Léa

Aux alentours de 18 heures, une petite commotion se fait sentir devant le tribunal judiciaire de Niort. Les militants de l'organisation « Nous Toutes 79 » se sont mobilisés alors que s'ouvre le procès de Yunus C., suspecté d'avoir tué Patricia G. le 11 juin 2022, alors qu'elle avait 51 ans. Munies de pancartes, les militantes interpellent le public : « Les Deux-Sèvres, sa Venise verte, ses fromages de chèvre, ses féminicides ! » La question qui se pose est cruciale : que faire avant qu'un meurtre ne se produise ?

Fait marquant, un mois avant sa mort, Patricia G. avait déjà signalé des violences physiques et psychologiques infligées par son ex-conjoint. Elle avait déposé une plainte pour menaces de mort et viols, après avoir qualifié l’agresseur de « squatteur ». Cette plainte a été classée sans suite, illustrant un véritable échec du système judiciaire. La présidente du tribunal souligne que cette plainte représente « la voix de Mme G. » et remet en question les actions entreprises à l’époque.

Le soir précédent le meurtre, Michael C., en état d'ébriété, aurait menacé Patricia avec un râteau, le tout pour une simple querelle liée à des plants de tomates. Cependant, l'accusé dément tous les faits qui lui sont reprochés. La situation devient tendue et révélatrice, comme le souligne Me Fabien Arakelian, avocat des parties civiles, lors de l'audience : « Parfois en cour d’assises, il y a des moments de vérité, de dignité, monsieur. » Malheureusement, il semble que ce procès soit en passe de se transformer en un réquisitoire de déni.

Cette première journée d’audience n'aura pas été facile, laissant entrevoir le chemin tortueux que prendront les débats. De plus en plus d'observateurs sont préoccupés par la manière dont les enjeux sociaux et systémiques autour de la violence faite aux femmes sont traités dans les procédures judiciaires. En France, un féminicide est commis tous les trois jours, et le procès de Niort pourrait être un tournant dans la façon dont la société perçoit et combat ces tragédies. La mobilisation des féministes et des plaintes passées soulèvent des questions sur l’efficacité des lois existantes et les moyens de protection à offrir aux victimes. La guerre n'est pas seulement contre les agresseurs, mais aussi contre un système qui nécessite d'urgentes réformes.