Procès du maire de Pouillon : "À la croisée des chemins sur la perception des infractions commises"
2024-11-08
Auteur: Pierre
Le maire de Pouillon, Patrick Vilhem, s'est retrouvé au cœur d'un procès public devant le tribunal judiciaire de Dax, un événement sans précédent dans sa carrière. Âgé de 63 ans et ancien militaire, il a bravé plus de quatorze heures d'audience le 7 novembre 2024. "Je ne suis pas un mauvais bougre. Je suis en retard sur mon temps," a-t-il déclaré, affirmant qu'une psychose entourant son cas était orchestrée pour effacer son image.
Accusé de deux baisers volés et de 16 faits de harcèlement, dont neuf reconnus par la justice, Patrick Vilhem a choisi de tenir sa défense avec une stratégie soigneusement planifiée en collaboration avec son avocat, Me Jean Gonthier. Ce dernier a insinué que l'opposition municipale aurait fomenté un complot contre lui, recevant, selon leurs dires, le soutien de la gauche socialiste qui aurait infiltré les services municipaux pour précipiter sa chute.
Le délibéré de ce procès fleuve est attendu le 12 décembre. La présidente du tribunal, Laure Vuitton, a expliqué que la loi impose une inéligibilité si un élu est reconnu coupable d'agression sexuelle. Une peine de deux ans d'emprisonnement avec sursis a été demandée par le ministère public, soulevant la question de ses comportements inappropriés. Si condamné, il sera également tenu de suivre des soins psychologiques et d'indemniser ses victimes, avec une interdiction d’entrer en contact avec elles.
Dès l'ouverture de ce procès, des traits de personnalité jugés narcissiques ont été mis en lumière. Laure Vuitton a critiqué son penchant pour la victimisation, soulignant la nécessité d'un changement de comportement face aux accusations.
Le procès a révélé un décalage alarmant entre les actions du maire et la perception qu'il en a. Son avocat a tenté de le défendre en le présentant comme un "goujat", sans pour autant le qualifier de harceleur, comparant son style à celui d’un personnage de film d’Audiard. Cependant, beaucoup voient ici un manque de responsabilité, notamment à travers les témoignages de plus d'une trentaine de femmes entendues lors de l’enquête, exposant le climat de toxicité qui régnait sous son mandat.
L'avocat des victimes, Me Frédéric Lonnné, a quant à lui souligné la libération de la parole qui a incité ces femmes à se manifester, tout en décrivant le défi sociétal que représente ce procès : "Nous sommes à la croisée des chemins sur la perception des infractions commises." Selon lui, le dévoilement de ces témoignages pourrait avoir des répercussions bien au-delà de ce procès, incitant d'autres victimes à se faire entendre dans la lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles.
Ce procès soulève des questions plus larges sur le traitement des comportements inappropriés en milieu politique, alors que le mouvement #MeToo continue de faire écho dans la société. Les prochains jours, avec le verdict imminent, s'annoncent cruciaux non seulement pour Patrick Vilhem mais aussi pour l'ensemble de la communauté, qui attend de savoir si justice sera rendue.