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Procès des viols à Mazan : Un expert psychiatre révèle l'absence de profil d'"abuseur sexuel" parmi les derniers accusés

2024-11-14

Auteur: Jean

Le 7 novembre dernier, lors du procès des viols de Mazan, l'expert psychiatre Laurent Layet a déclaré devant la cour criminelle du Vaucluse qu'il n'existe pas de profil type d'abuseur sexuel chez les derniers accusés. Selon lui, même si la plupart des accusés ne correspondent pas au profil criminologique des violeurs en série, cela ne signifie pas qu'ils puissent être considérés comme de simples "hommes ordinaires". Layet, ayant examiné la moitié des 51 accusés, a souligné que l’évaluation de la dangerosité des individus est un exercice "extrêmement complexe".

Les débats ont repris le 13 novembre avec les expertises psychiatriques des sept derniers accusés, réalisées par le Dr Philippe Darbourg. Ce psychiatre de 75 ans, fort de quarante années d'expérience, a signalé qu'aucun des hommes, âgés de 30 à 69 ans, ne présentait "de tendances déviantes ou perverses", bien que deux d’entre eux, Christian L. et Nicolas F., soient également poursuivis pour détention d'images pédopornographiques.

L'expert, après avoir pris connaissance de nouvelles informations transmises par le président de la cour, a confirmé que les antécédents de Nicolas F., ancien journaliste, ne changeaient pas son évaluation initiale. Il a noté que ces éléments témoignent plutôt d'une sexualité incertaine.

Il a également précisé que, même si aucun des accusés ne peut véritablement être défini comme un "abuseur sexuel", cela n’exclut pas la gravité des actes commis. L'avocat de la partie civile, Stéphane Babonneau, a contesté cette analyse, questionnant la nécessité d’un historique de frustrations pour être désigné comme tel. Le psychiatre, en réponse, a fait remarquer que la plupart des abus sexuels se produisent dans des contextes très particuliers.

En fin de procès, questionné par les avocats de la défense, le psychiatre a convenu qu’il aurait dû préciser que ceux qu’il a évalués « ne sont pas des prédateurs sexuels, mais des hommes ayant commis des abus dans des circonstances particulières ».

L'expertise de Charly A., 30 ans, accusé d'avoir visité le domicile de Gisèle Pelicot six fois entre 2016 et 2020, a provoqué des interrogations sur la répétition des actes. Bien que l'expert ait soutenu que l'accusé ne montrait pas un comportement systématique d'agression sexuelle, l'avocat de la victime a relevé que la fréquence des visites interpelle. Le psychiatre a alors affirmé que le jeune homme avait eu du mal à prendre conscience de sa responsabilité, ajoutant qu’il avait tardivement compris que Dominique Pelicot avait réussi à endormir sa femme.

Cette affaire soulève de nombreuses questions sur la nature du comportement abusif et les défis de la psychiatrie légale dans l'évaluation des criminels sexuels. Alors que la société recherche des réponses claires, le procès continue d'éclairer les complexités de la pathologie criminelle.