Sous leurs apparences parfois maladroites, les jurons pourraient signaler une intelligence supérieure. Une étude récente menée par des chercheurs de l’Université de Rochester a mis en lumière un phénomène étonnant : les esprits les plus brillants semblent jurer plus souvent. Mais pourquoi ? Ce constat soulève des interrogations, surtout compte tenu des impacts potentiels que peuvent avoir ces injures sur autrui, parfois très durables.

Pour mieux comprendre cette relation inattendue entre intelligence et comportements verbaux, les scientifiques ont analysé les réponses d’un panel de 1.000 participants qui ont complété un questionnaire contenant 400 comportements typiques. Un échantillon remarquable qui nous invite à explorer plus en profondeur ces résultats intrigants.

Les jurons : un indice de QI élevé ?

Dans les moments de frustration ou de colère, il n'est pas rare que les mots fassent défaut. Qu'il s'agisse d'une insulte commune ou d'une injure déconcertante, la violence verbale peut être ressentie comme une agression. Comme l'affirme Macduff, le personnage de Macbeth dans la célèbre tragédie de William Shakespeare : “L'arme dont on se sert pour porter ce coup, ce sont les mots.”

Les chercheurs, Frédérique Lab et Colette Rieu, qui se penchent sur l'usage des injures dans les pièces de Shakespeare, affirment que l'insulte est performative. Les mots eux-mêmes ont un pouvoir d’action. Pourtant, ils soulignent que jurer ne traduit pas la pauvreté du vocabulaire comme on pourrait le penser. Une étude de 2015, publiée dans la revue Language Science, renforce cette hypothèse : ceux capables de prononcer un grand nombre de jurons en une minute obtiennent de meilleurs résultats à des tests de QI, prouvant ainsi que l’aisance avec le langage peut également être une force.

Les bienfaits insoupçonnés de jurer

Mais attention : si les jurons peuvent sembler vulgaires, ils ne sont pas seulement de simples relâchements verbaux. Des psychologues de l’Université de Keele, dirigés par le Dr Richard Stephens, ont découvert que jurer peut agir comme un analgésique naturel. Ils ont observé que les jurons augmentaient les performances physiques lors d’activités intenses. En effet, jurer pourrait stimuler notre système nerveux sympathique, celui-là même qui prépare notre corps à faire face aux dangers. Cela pourrait expliquer pourquoi crier un juron aide à libérer la tension et à surmonter la douleur.

Une forme d’intelligence ?

Loin d’être une simple manifestation de colère, le juron pourrait donc être considéré comme un mécanisme d’adaptation physiologique. Ce comportement inhabituelle pourrait ainsi renverser les stéréotypes liés à l’utilisation de jurons. Cela dit, même si ces résultats sont fascinants, il est crucial d'utiliser les jurons avec précaution. Offenser autrui par des mots crus ne peut pas être justifié par une prétendue forme d'intelligence. Peut-être que la clé réside dans l'équilibre entre l'expression de soi et le respect d'autrui. En fin de compte, comprendre ce lien entre intelligence et langage pourrait nous aider à mieux appréhender nos propres réactions face à des situations de stress !