
Pourquoi la love story entre Renault et Nissan repart de plus belle ?
2025-04-01
Auteur: Julie
Il ne s'agit pas d'une simple réconciliation, mais d'une stratégie audacieuse visant à atténuer les pertes financières. Les récentes initiatives de Luca de Meo pour soutenir Nissan ne sont pas de la charité, mais plutôt une manœuvre d'investissement stratégique pour Renault.
Ces mesures, confirmées ce lundi 31 mars, témoignent de la réactivité de Renault après le changement de direction chez Nissan. La direction du losange a immédiatement pris contact avec Ivan Espinosa, le nouveau patron de Nissan, avant même sa prise de fonction officielle le 1er avril.
Une coopération renforcée
Mais quelles sont exactement les ramifications de cette aide française pour le constructeur japonais ? Il ne s'agit pas de ressusciter l'ancienne alliance, mais plutôt de mettre en place une coopération industrielle et financière plus robuste qu'au cours des deux dernières années.
La renaissance de Nissan commence en Inde, où le constructeur japonais a entrepris la construction d'une nouvelle usine à Chennai, avec un soutien financier de Renault. Cet investissement total s'élève à 600 millions de dollars, chacun des partenaires contribuant presque également à la création de 2 000 emplois. Cependant, Nissan, en tant que société en difficulté, a cédé 51 % de cette usine à Renault, qui injecte également 200 millions supplémentaires dans le projet.
À terme, cette usine ne produira pas des modèles Renault comme les Captur, mais des Nissan Magnite, un SUV populaire en Inde grâce à son tarif attractif inférieur à 9 000 euros. Six modèles différents pour Renault et Nissan sont prévus d'être assemblés dans cette usine, ce qui pourrait solidifier leur présence sur le marché indien.
Un investissement dans l'électrique
Cependant, cette aide ne s'arrête pas là. Nissan avait initialement promis d'investir 600 millions d'euros dans la division Ampère de Renault, dédiée à l'électrique. Face à des finances déplorables, la société a récemment annulé cet engagement, comme l’a résumé le communiqué d’Ampère : « Nissan sera libéré de son engagement à investir ». Cela soulage Nissan, qui ne devra plus se saigner pour honorer ses dettes.
Nissan continuera d'accéder aux services d'Ampère, mais en tant que client privilégié. La Micra électrique sera fabriquée à Douai avec la plateforme de la future Renault 5, et une nouvelle Nissan électrique, basée sur la Twingo, sera lancée l'année prochaine, bien que son nom et son design restent à confirmer. Un modèle Dacia électrique de moins de 4 mètres est également en cours de développement.
Une participation réduite
Pour alléger encore un peu plus ses charges, Nissan va réduire sa part dans le capital de Renault de 15 à 10 %. Cela soulève des questions sur la générosité de Renault envers son ancien partenaire. En réalité, le constructeur français a tout à gagner à voir Nissan redresser ses performances financières, surtout après une chute de 40 % de ses ventes au cours des deux dernières années. Près de 9 000 employés sont menacés de licenciement, et son classement par Moody's a récemment été abaissé à un niveau spéculatif.
La situation de Nissan est d'autant plus préoccupante avec l'approche des droits de douane que Donald Trump va instaurer, qui affecteront gravement ses opérations aux États-Unis, un marché clé depuis trois décennies.
Le sort de Renault est intrinsèquement lié à la santé de Nissan. Luca de Meo est clair : le redressement rapide des performances de Nissan est crucial pour le bien de Renault et des deux marques, et tous les efforts doivent être mis en œuvre pour atteindre cet objectif commun.