Plus de 600 parlementaires français appellent Ursula von der Leyen : « Les conditions pour adopter un accord avec le Mercosur ne sont pas réunies »
2024-11-12
Auteur: Sophie
Dans une lettre ouverte à Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, plus de 600 parlementaires français, issus du Sénat, de l'Assemblée nationale et du Parlement européen, expriment leur ferme opposition à l'accord d'association entre l'Union européenne (UE) et le Mercosur.
Les récentes résolutions adoptées par ces institutions mettent en avant l'absence de conditions démocratiques, économiques, environnementales et sociales nécessaires pour valider un tel accord. Les parlementaires rappellent que la France a imposé trois conditions essentielles à la signature : ne pas augmenter la déforestation importée dans l'UE, garantir une conformité avec l'accord de Paris sur le climat, et établir des mesures miroirs pour la santé et l'environnement.
Cependant, il est évident que ces conditions ne sont pas remplies. Entre 1999 et aujourd'hui, le développement des négociations a conduit à la déforestation d'une surface équivalente à celle de la péninsule ibérique, principalement en Amazonie, mais aussi dans le Cerrado, une autre région cruciale. Cette déforestation, qui accentue les émissions de gaz à effet de serre et l'effondrement de la biodiversité, est liée à l'expansion du bétail et de la culture du soja, rendant cet accord incompatible avec les engagements climatiques pris par l'UE.
En outre, les préoccupations s'intensifient concernant l'utilisation de pesticides au Brésil, où les agriculteurs appliquent 6 kg par hectare, presque le double de la moyenne en France. Au moins 150 de ces pesticides sont interdits en Europe, soulignant la disparité des normes réglementaires. L'usage d'antibiotiques dans l'élevage brésilien représente un risque supplémentaire pour la santé des consommateurs européens, qui pourraient être exposés à des produits moins sûrs que ceux de leur propre marché.
Face à ces défis, les parlementaires parlent d'une "naïveté coupable" du côté de ceux qui soutiennent l'accord, car il entraîne une distorsion sérieuse de la concurrence. Les producteurs européens sont en effet soumis à des règles strictes, tandis que les importations en provenance du Mercosur seraient exemptées de ces exigences, menaçant la viabilité de nombreuses exploitations agricoles.
Plus que jamais, à l'ère du changement climatique et de la protection de la biodiversité, les parlementaires français appellent à une réévaluation complète de cet accord. Ils mettent en garde contre les conséquences potentiellement désastreuses sur l'agriculture européenne et sur l'environnement, tout en réaffirmant leur engagement à défendre des normes élevées pour la santé publique et le bien-être animal.