Pau : La parole s'affirme à l'Agglo en l'absence de François Bayrou
2024-12-20
Auteur: Léa
Le Premier ministre François Bayrou a dû annoncer qu’il ne participerait pas au conseil communautaire de Pau le jeudi 19 décembre. Cependant, il a tout de même été présent virtuellement depuis Matignon. En visio, avec les somptueux décors de l’hôtel particulier en arrière-plan, il a confessé aux élus que c’était la première fois en dix ans qu'il manquait un conseil.
Bien que physiquement absent, il a exprimé sa présence « par l’esprit, le cœur et le travail ». Il a aussi partagé sa satisfaction face à la démographie croissante de Pau, tout en rassurant ses collègues sur son engagement à ne pas abandonner ce mandat. Il a évoqué l'importance de l'unité et la nécessité de « s’unir pour avancer », tout en rappelant ses racines familiales dans la commune, puisque son arrière-grand-père y avait été maire.
Après une minute de silence pour Mayotte et un vote d’aide de 25 000 euros, la première vice-présidente, Monique Semavoine, a pris le relais pour conduire la séance. Cependant, la discussion s’est vite concentrée sur la dualité des rôles du maire de Pau, François Bayrou, qui cumule en plus la fonction de Premier ministre.
L’opposition n’a pas tardé à réagir. Arnaud Jacottin, maire de Billère, a déclaré : « On ne peut pas être au four et au moulin ». Les critiques ont fusé de toutes parts, certains élus déplorant que ce cumul de fonctions affecte directement l’efficacité de la démocratie locale. En revanche, des soutiens au maire, comme Julie Joanin, défendent sa capacité à jongler avec ses responsabilités, y voyant une chance pour Pau.
Les tensions se sont intensifiées alors que le leader de l’opposition, Jérôme Marbot, a insisté sur l’impossibilité pour Bayrou de gérer efficacement ses rôles de Premier ministre et de président de l’Agglo, surtout dans le contexte de crise actuelle en France. Des voix comme celles de Jean-François Blanco, écologiste, ont déploré le fossé grandissant entre la classe politique et les citoyens.
Au-delà des débats sur la gouvernance, une discussion importante s’est tenue concernant le projet de l’échangeur d’Idron. Les élus ont manifesté des inquiétudes quant à son coût et son impact environnemental. Pascal Mora, maire de Gelos, a même exprimé des réserves sur la nécessité de ce projet, arguant que d'autres priorités financières devraient être envisagées. La députée Valérie Revel a également souligné la nécessité de repenser les investissements publics au regard des contraintes budgétaires accrues des collectivités locales.
Alors que certains plaident en faveur d'un vrai débat sur les choix de mobilité, d'autres, comme Michel Capéran, affirment que des discussions anticipées sont cruciales pour un développement équilibré à l’Est de l’agglomération. Finalement, l’ambiance s’est apaisée tandis que le vote des propositions a eu lieu malgré des abstentions et des voix s’opposant à l’adoption.
Cet épisode a mis en avant l’ébullition politique à Pau, en soulignant à quel point l’absence d'une figure charismatique comme Bayrou peut parfois libérer la parole des élus, permettant des débats profonds sur les enjeux de la ville. Il semblerait que ce conseil communautaire, marqué par des échanges franc et engagés, ait ouvert la voie à une nouvelle dynamique politique dans l'Agglo.