Paris-Bruxelles en 3 heures et à prix doux : notre expérience avec la nouvelle ligne OuiGo à vitesse modérée
2024-12-24
Auteur: Pierre
« Es-tu sûre que c'est le bon train ? » demande une femme à son compagnon, tandis que les voyageurs s'installent sur le quai de la gare du Nord à Paris. Le paysage bouillonne d'excitation alors qu'un Eurostar rouge s'apprête à partir de la voie numéro 8. Mais moi, je me dirige vers la voie 15 : c'est là que se trouve le train flamboyant aux couleurs mauve et bleu de l'offre OuiGo. Lancée le 19 décembre en partenariat avec la SNCB, la nouvelle liaison ferroviaire entre Paris et Bruxelles promet des temps de trajet réduits, mais pas autant qu'avec les célèbres lignes à grande vitesse. En effet, le trajet prend 3 heures, comparé à 1h22 pour l'Eurostar. Le prix est particulièrement attractif : seulement 19 euros pour mon billet acheté la veille, tandis que l'Eurostar affichait un tarif de 109 euros pour un voyage similaire en seconde classe.
Un voyage chargé d'histoire
L'embarquement me rappelle la nostalgie d'une époque révolue : jusqu’en 1996, le train surnommé « L’étoile du nord » réalisait ce même parcours en moins de 3 heures, avant de céder sa place au Thalys à grande vitesse. Alors que le confort et les services de ces lignes étaient considérés comme inégalés, l'intérêt pour les trajets à vitesse modérée a disparu. Aujourd'hui, 28 ans plus tard, cette ligne classique fait un retour inattendu : retour vers le futur, effectivement !
Une immersion dans la culture flamande
À bord, la première surprise est le matériel roulant belge. Le logo de la SNCB est omniprésent, et les voitures, bien qu'anciennes, offrent un niveau de confort satisfaisant. Les sièges de seconde classe sont spacieux et disposent d'une prise pour recharger les appareils électroniques, bien que limitée à une par rangée. En attendant le départ fixé à 12h28, l'accent flamand du contrôleur et les annonces en plusieurs langues laissent présager notre destination. En à peine une demi-heure, le train marque son premier arrêt à Creil, mais la majorité des passagers restent à bord. Comme dans tout train OuiGo, il n'y a pas de wagon-bar ni de service de restauration, mais j'ai prévu avec un sandwich de l'une des boulangeries locales réputées.
La réalité des transports
Ma voisine, résidante de Compiègne, partage son expérience : « D'habitude, je prends le TGV en passant par Lille, c'est moins cher. » Elle évoque les bus, un moyen de transport qu'elle évite systématiquement : « C’est très long et éprouvant. Chacun doit composer avec son budget. » Elle a également payé son billet 19 euros et espère que les prix resteront bas.
Des paysages à couper le souffle
Peu à peu, les paysages du Nord de la France défilent, des champs aux zones commerciales, en passant par des gares abandonnées et des lacs paisibles. Au loin, je distingue la cathédrale de Saint-Quentin : un nouvel arrêt quotidien y sera ajouté à partir d’avril. À bord, une diversité de passagers s'occupe, de nombreuses familles aux enfants gais, certains s'adonnant même au tricot, une activité apparemment revenus à la mode. À Aulnoye-Aymeries, l'atmosphère change alors que davantage de passagers montent et descendent. Des journalistes s'attaquent aux réactions des voyageurs ravis de découvrir cette connexion à bas prix. Les billets sont annoncés entre 10 et 59 euros, un attrait indéniable. La disparition de l'Izy Thalys en 2022 avait rendu la connexion entre ces deux capitales plus difficile, mais cette nouvelle ligne semble répondre à un véritable besoin.
Arrivée à Bruxelles
Alors que le train ralentit, nous traversons la frontière de manière presque imperceptible, seul un changement de signal sur mon téléphone portable indiquant que nous sommes désormais en Belgique. Nous arrivons à la nouvelle gare de Mons, au design moderne. Sur les quais, l'ambiance est un peu étrange en raison d'un train tagué qui contraste avec l'infrastructure soignée. 15h21 : enfin, la vue sur le Palais de Justice de Bruxelles avec son majestueux dôme doré. Nous avons atteint notre destination presque à l'heure, et un rayon de soleil hivernal illumine l'arrivée. Entre cris d'excitation d'enfants, les affiches publicitaires vantent la nouvelle ligne : « Paris, pour le prix d'un sac de croissants ». Un voyage historique et innovant qui révèle une nouvelle alternative de transport entre ces deux grandes capitales européennes.