L'entreprise d'intelligence artificielle fondée par Sam Altman attire des milliards d'investissements, défiant les conventions du secteur. Cependant, une condition essentielle pourrait modifier radicalement son avenir.

40 milliards de dollars sont en jeu, mais le défi est de taille : OpenAI doit devenir une entreprise rentable d'ici fin 2025, sinon elle perdra un quart de cette somme. Cette situation soulève des questions clés sur la viabilité du modèle économique d'OpenAI.

OpenAI, devenu un acteur majeur du secteur de l'intelligence artificielle générative, a récemment annoncé une levée de fonds sans précédent de 40 milliards de dollars, soutenue par SoftBank et un réseau d'investisseurs triés sur le volet. Cette opération propulse sa valorisation à 300 milliards de dollars, une somme vertigineuse. Toutefois, derrière ce chiffre impressionnant, la situation financière de l'entreprise révèle un malaise : alors qu'elle prévoit des revenus de 3,7 milliards de dollars pour 2024, elle enregistre plus de 5 milliards de pertes. Selon des documents internes relayés par The Verge, OpenAI n'envisage pas la rentabilité avant 2029.

C'est Masayoshi Son, le fondateur de SoftBank, qui mène cette initiative audacieuse. Son ambition? Transformer OpenAI en une force capable de créer une intelligence artificielle surhumaine (ASI) qui surpasserait l'intelligence humaine. Pour y parvenir, des investissements colossaux sont nécessaires. En janvier 2025, il avait déjà annoncé un plan de 500 milliards de dollars axé sur le projet Stargate, une infrastructure mondiale de centres de données. La dernière levée de fonds est également assortie de conditions strictes : SoftBank ne libérera la totalité des fonds que si OpenAI se restructure en entreprise à but lucratif d'ici décembre 2025. En cas d'échec, la levée de fonds serait réduite de deux tiers, un coup dur pour la start-up.

Ce passage d'un statut à but non lucratif à celui d'entreprise commerciale marque un tournant décisif. Fondée en 2015 comme une organisation axée sur la recherche éthique en IA, OpenAI s'était engagée à "bénéficier à l'humanité". Aujourd'hui, face aux exigences des investisseurs, cette promesse est mise à l'épreuve. Sam Altman, directeur général de l'entreprise, se trouve confronté à des défis tant internes qu'externes. Parmi ses plus fervents critiques, Elon Musk, cofondateur d'OpenAI, exprime des préoccupations concernant cette transformation. Les critiques redoutent que cette nouvelle orientation ne privilégie les profits au détriment de la sécurité et de l'éthique. En réponse, OpenAI envisage de devenir une "public benefit corporation", un statut hybride censé concilier profit et intérêt général. Cependant, cette promesse apparaît encore floue, et l'avenir d'OpenAI se dessine dans un paysage incertain où l'ambition se heurte à la réalité économique.