Après 12 longues années d'attente, le grand moment est enfin arrivé ! EDF a annoncé que le raccordement tant attendu du réacteur nucléaire EPR de Flamanville au réseau électrique pourrait se faire dans la nuit de vendredi à samedi. Initialement prévu pour 10h00, ce raccordement, le premier d'un nouveau réacteur en France depuis 1999, a déjà été repoussé plusieurs fois, avec des nouvelles heures annoncées à 20h00 puis à 23h00.

Dans une communication adressée au marché de l'énergie, EDF a précisé qu'une prolongation des opérations de maintenance était en cours, mais qu'elle devrait s'achever d'ici samedi 10h00. Régis Clément, directeur adjoint de la division Production nucléaire chez EDF, a exprimé sa confiance quant à un couplage réussi avant la fin de l'automne, une promesse faite en septembre.

À très basse charge, le réacteur atteindra environ 20% de sa puissance pour garantir la sécurité de la mise en route. Plusieurs tests sont planifiés, avec des arrêts et redémarrages à prévoir pour s'assurer que tout fonctionne correctement, avec un objectif d'exploiter le réacteur à 100% d'ici l'été 2025.

Ce raccordement est un véritable tournant dans un projet qui a connu des retards spectaculaires, faisant passer le coût initial de 3,3 milliards d'euros à 13,2 milliards aujourd'hui, selon les dernières estimations d'EDF. La Cour des Comptes avait même évalué le coût total en 2020 à près de 19 milliards d'euros en tenant compte des surcoûts de financement.

L'EPR de Flamanville, avec une capacité de plus de 1.600 MW, sera le plus puissant du parc nucléaire français et son arrivée sur le réseau intervient à un moment où la consommation d'électricité dans le pays a chuté de 6% par rapport aux niveaux d'avant la pandémie. Cela soulève des questions sur l'adéquation de l'offre d'énergie face à une demande en déclin.

Luc Rémont, PDG d'EDF, a appelé à utiliser cette nouvelle disponibilité d'électricité, dans un contexte économique difficile, particulièrement pour l'industrie automobile.

C'est un moment historique pour la France, qui n'avait pas inauguré de nouveau réacteur depuis le réacteur n°2 de Civaux en 1999. Les experts signalent que cette pause de 25 ans dans la construction de nouveaux réacteurs a conduit à une perte de compétences dans le secteur, contribuant aux nombreux défis rencontrés durant ce projet.

Mais quel avenir pour le nucléaire en France ? Emmanuel Macron a récemment annoncé la construction de six nouveaux réacteurs EPR2, ainsi que la possibilité d'en ajouter huit autres. Cependant, le financement de ces projets colossaux reste incertain, surtout avec une dette élevée d'EDF. Le Journal Les Echos a rapporté des tensions au sein du conseil d'administration d'EDF, avec une réduction significative du budget alloué aux travaux préparatoires des futurs EPR2, une décision qui jette une ombre sur les ambitions nucléaires du pays.

La tension monte alors que le démarrage du réacteur, commencé le 3 septembre, marque le commencement d'une montée en puissance qui devrait permettre son intégration au réseau électrique. Cet EPR, un modèle de réacteur à eau pressurisée, est le quatrième installé au monde et le 57ème du parc nucléaire français, avec l'ambition de fournir de l'électricité à environ deux millions de foyers.