"Notre patron se moque de nous" : des chercheurs piégés par une start-up en détresse
2024-11-13
Auteur: Marie
Nadine Briche, experte en biocarburants, se trouve dans une situation désespérée. Ingénieure et titulaire d'un doctorat en chimie macromoléculaire et supramoléculaire, elle a consacré sa carrière à la recherche scientifique. Avec ses collègues de la start-up CIMV (Compagnie industrielle de la matière végétale), elle a contribué à valider une quinzaine de brevets, dont certains portent sur la transformation des déchets de céréales en énergie. Cependant, depuis le 22 mai, Nadine et ses sept collègues sont contraints de rester inactifs sur ordre de leur employeur tout en attendant des salaires qui arrivent avec du retard. "Mes journées se résument à entretenir ma maison et m'occuper de mes enfants, ce qui est insupportable pour quelqu'un qui a dévoué sa vie à la recherche. Je ne vais pas démissionner et nous allons nous battre pour obtenir justice", déclare-t-elle.
Avec trois autres salariés, elle a porté l'affaire devant le Conseil des prud’hommes pour obtenir une rupture de contrat. Les autorités compétentes, y compris l’inspection du travail, sont désormais informées de cette situation alarmante. Les employés de CIMV, spécialisée en bioraffinerie, se sont retrouvés pris dans un conflit entre leurs dirigeants et la Commission européenne. En effet, le 25 avril, la Cour de justice de l’Union européenne a rejeté le dernier recours de la start-up contesté par la décision de la Commission européenne qui exigeait le remboursement d’environ 5,9 millions d’euros perçus dans le cadre d’une subvention.
"Les promesses de la direction n'ont jamais été tenues"
"Les fonds privés promis par la direction ne sont jamais arrivés. Ces aides européennes étaient censées attirer des investissements privés, qui ne sont jamais venus. Il est donc normal que la Commission demande cet argent", explique Nicolas Godin, employé depuis 19 ans dans l'entreprise. Le technicien exprime son indignation face au comportement des dirigeants. "Le PDG n'a montré aucune considération pour nous. S'il avait été responsable, il aurait demandé le dépôt de bilan pour que nous ayons droit à un licenciement économique", ajoute-t-il.
La situation s'est aggravée pour les chercheurs qui étaient hébergés par l’ENSIACET, une école d'ingénieurs, qui les a récemment évacués en raison de loyers impayés. "Nous avons perdu l'accès aux machines essentielles pour nos recherches", s'inquiète Nadine. Toutefois, elle reste optimiste quant à l'issue de cette crise. "Pierson Capital, le principal actionnaire, pourrait encore injecter des financements grâce à l'innovation de notre projet, mais sans nous. Nous avons perdu toute confiance en eux et refusons de rester leurs otages."
Cette situation soulève des questions importantes sur l'éthique de la direction de start-up et la protection des chercheurs qui investissent leurs vies dans des projets à fort potentiel. Face à l'incertitude économique du secteur, les chercheurs de CIMV attendent avec impatience que justice soit faite. En attendant, les discussions autour du soutien à l'innovation et de la responsabilité des investisseurs continuent d'enflammer les débats dans le milieu entrepreneurial.