Carlos Ghosn, l'ancien patron controversé de Nissan, a récemment exprimé de vives inquiétudes concernant la nouvelle direction stratégique de l'entreprise, qu'il a qualifiée de «mode panique». Ces propos surviennent alors que Nissan a annoncé l'ouverture de négociations avec Honda, visant à explorer une fusion qui pourrait révolutionner le marché automobile mondial en créant le troisième plus grand constructeur après Toyota.

Dans un contexte très délicat pour Nissan, Mitsubishi Motors – qui est majoritairement détenu par Nissan – pourrait également rejoindre ces discussions pour former une nouvelle holding industrielle. Ghosn, qui a fait sensation en fuyant le Japon en 2019, a déclaré aux journalistes via visioconférence depuis le Liban qu'il était sceptique sur la capacité de Nissan à surmonter ses défis actuels. «Franchement, je me demande comment cela va fonctionner», a-t-il affirmé, soulignant que le constructeur automobile se trouvait dans une situation désespérée.

En effet, Nissan a récemment annoncé la suppression de 9000 postes en réponse à une perte nette inattendue au dernier trimestre, exacerbée par une chute de sa marge opérationnelle. Les rumeurs autour de la fusion avec Honda continuent de susciter l'intérêt, mais la communauté automobile s'interroge sur la viabilité d'un tel partenariat.

L'ancien dirigeant a avoué ne pas être «absolument convaincu» que Nissan possède les talents nécessaires pour naviguer dans cette phase difficile. Selon lui, Nissan semble «supplie[r] son ennemi de toujours, Honda», d'entrer en alliance, ce qui soulève des questions sur la véritable motivation derrière cette démarche. Honda et Nissan, les deuxièmes et troisièmes constructeurs japonais après Toyota, visent à finaliser leur alliance d'ici juin 2025, mais de nombreux obstacles demeurent.

Ghosn a également critiqué l'absence de synergie entre les deux entreprises, affirmant : «D'un point de vue industriel, il y a des doublons partout. Donc cela n’a pas de sens pour moi.» Lorsqu'il évoque le virage vers l'électrique, où les constructeurs chinois et Tesla dominent, il souligne que Honda doit encore prouver sa force dans ce secteur crucial.

Parallèlement, la rumeur de l'intérêt de Foxconn, géant taïwanais de l'assemblage électronique, pour une participation majoritaire dans Nissan indique une frénésie de compétition accrue pour la domination du marché. Carlos Ghosn a reconnu que «si le gouvernement japonais ne veut pas perdre le contrôle de Nissan, il pourrait préférer que ce constructeur reste entre des mains japonaises, mais cela signifie qu'une fois de plus, on privilégie le contrôle sur la performance.»

Cette situation crée un climat d'incertitude autour de l'avenir de Nissan et du secteur automobile japonais dans son ensemble. Les décisions stratégiques que prendra Nissan dans les mois à venir seront cruciales pour sa survie et sa position concurrentielle dans un marché de plus en plus féroce. Les observateurs ne manquent pas de se demander si cette fusion pourrait être la clé d'un renouveau ou un pas de plus vers le déclin.