Meurtre de Philippine : le Syndicat de la magistrature alerte sur une surenchère xénophobe
2024-09-26
Auteur: Pierre
Dans un communiqué acerbe publié le 26 septembre, le Syndicat de la magistrature exprime son indignation face à l'emballement politico-médiatique qui a suivi le meurtre tragique de l'étudiante Philippine, retrouvée morte au Bois de Boulogne. Cette réaction survient dans un contexte où Didier Migaud a été nommé garde des Sceaux et Bruno Retailleau au ministère de l’Intérieur. Le syndicat déplore les discours xénophobes qui ont émergé après ce crime odieux, qui a suscité l'ire de l'opinion publique et des politiciens.
Le Syndicat critique la tendance à blâmer la justice, évoquée par Retailleau, qui a parlé d'un "droit à l’inexécution des peines". Selon le syndicat, cette affirmation est infondée, car environ 95 % des peines sont effectivement exécutées dans les cinq ans suivant leur prononcé. Ce mélange entre la lenteur de la justice, souvent due à des moyens insuffisants, et la nature des peines elles-mêmes a mené à des confusions néfastes et à une simplification excessive d’un débat complexe.
La place donnée à l'immigration dans cette tragédie est jugée comme une manœuvre démagogique, selon laquelle l'absence d'exécution d'une mesure d'éloignement serait automatiquement liée à la criminalité. Cela empêche de réfléchir à des solutions pour prévenir les violences faites aux femmes, sans que cela soit conditionné par la nationalité des condamnés.
Le syndicat rappelle que des recherches montrent que la délinquance n'est pas significativement affectée par l'incarcération elle-même, et que des accompagnements individualisés sont bien plus efficaces. Cependant, les ressources nécessaires à ces programmes manquent cruellement dans les systèmes de santé mentale, les établissements de soins psychologiques et les structures d’accueil.
Face à cette réalité troublante, le Syndicat de la magistrature appelle tous les acteurs à s'élever contre la tentation d'une "vendetta collective" qui pourrait détourner le débat vers des obsessions xénophobes. Au lieu de cela, il exhorte à formuler des questions essentielles pour garantir une justice équitable et efficace.
Alors que l’opinion publique est en émoi après cet acte de violence, il est crucial de ne pas confondre débats politiques et enjeux de sécurité, afin d’atteindre une justice véritable qui ne soit pas influencée par des préjugés. La protection des femmes et la lutte contre les féminicides doivent impérativement être au cœur de la discussion.