Le Maroc est en état d'alerte face à une résurgence préoccupante de la rougeole, une maladie virale extrêmement contagieuse. En réponse, le gouvernement a lancé une vaste campagne de vaccination, soutenue par l'école et des initiatives de sensibilisation, après avoir constaté que la désinformation sur les vaccins avait contribué à cette recrudescence.

À Harhoura, près de Rabat, Salma, 13 ans, et son frère Souhail, 9 ans, ont reçu leur deuxième dose de vaccin contre la rougeole. Leur grand-mère, Rabia Maknouni, a expliqué que leur retard de vaccination a été découvert grâce à une campagne urgente de rattrapage scolaire, révélant ainsi un phénomène alarmant au sein de la population.

Cette initiative a permis une évaluation des vaccins de 10 millions d'enfants âgés de moins de 18 ans. Depuis octobre 2023, plus de 25.000 cas d'infection et plus de 120 décès ont été signalés, selon Mouad Mrabet, coordinateur du Centre national des opérations d'urgence de santé publique. La situation a atteint un niveau critique, suscitant des inquiétudes jusqu'en France, où l'agence Santé publique France appelle les professionnels de santé à une vigilance accrue, notamment concernant les voyageurs revenant du Maroc.

Bien que le nombre d'infections soit en baisse, le gouvernement a décidé de prolonger la campagne jusqu'au 28 mars, avec l’objectif d’atteindre une couverture vaccinale de 95% pour rétablir l'immunité collective. Au 10 mars, seulement 55% des personnes contactées avaient été vaccinées, témoignant d'une réticence persistante.

M. Mrabet a souligné que cette résurgence est en partie due à l'influence grandissante du mouvement antivax à l'échelle mondiale. Aux États-Unis, la méfiance envers les autorités de santé a également été fatale, avec des décès liés à la rougeole chez des enfants non vaccinés.

Au Maroc, des campagnes de sensibilisation ont été mises en place dans les écoles pour contrer la désinformation sur la vaccination, incluant des messages rassurants sur la sécurité des vaccins. Imane El Kohen, responsable de la santé scolaire, a expliqué que certaines allégations trompeuses circulaient, comme celle selon laquelle le vaccin contre la rougeole serait une dose additionnelle du vaccin Covid-19.

Les témoignages d’infirmières comme Hasna Anouar mettent également en lumière une crainte marquée chez certains parents envers la vaccination, exacerbée par la pandémie de Covid-19. Cette peur a créé des obstacles à la vaccination, où préalablement, les parents n’hésitaient pas à vacciner leurs enfants.

Selon Ali Lotfi, militant pour le droit à la santé, l'épidémie pourrait être en partie due à un manque d'engagement du ministère de la Santé, qui aurait négligé cette problématique durant la pandémie de Covid-19. Pourtant, le ministère affirme que le vaccin est resté disponible gratuitement tout au long de cette crise.

Face à ces défis, les autorités marocaines prennent des mesures atypiques et urgentes pour s'assurer que cette épidémie ne se propage pas, mettant désormais l'accent sur l'éducation et la sensibilisation pour démystifier les vaccins.