Une vaste manifestation contre l'immigration haïtienne en République dominicaine a eu lieu ce dimanche, organisée par le groupe nationaliste Ordre Ancien dans une zone à forte présence haïtienne, à Hoyo de Friusa, dans la localité de Bavaro. Cette mobilisation coïncidait avec le 181ème anniversaire d'une bataille historique contre l'invasion haïtienne, rappelant les tensions historiques qui persistent entre les deux nations sur l'île d'Hispaniola.

Des centaines de manifestants se sont rassemblés, certains portant des cagoules et tentant de s'écarter de la route prévue pour la marche, ce qui a conduit à une intervention policière pour maintenir l'ordre. La police nationale a confirmé qu'aucun blessé n'était à déplorer, mais les tensions étaient palpables, certains participants criant : «Patrie ! Nous ne voulons pas d'Haïtiens ici !» et menaçant de mesures plus sévères si la situation perdurait.

La République dominicaine fait face à une pression migratoire considérable, avec environ 500.000 Haïtiens vivant sur son territoire dans un pays comptant 10,5 millions d'habitants. Cette immigration est alimentée par la pauvreté, la crise économique et la violence des gangs en Haïti. Les tentatives de traversée de la frontière se multiplient alors que les Haïtiens espèrent échapper à des conditions de vie précaires.

Pour contrer ce flux migratoire, le président dominicain Luis Abinader a lancé en 2021 la construction d'un mur de séparation le long de 340 kilomètres de frontière, une initiative censée protéger le pays de l'immigration illégale, de la violence et de la contrebande. En parallèle, le gouvernement a mis en place un plan pour expulser 10.000 immigrés haïtiens par semaine, renforçant la présence militaire à la frontière afin de dissuader davantage les entrées illégales.

Cependant, le groupe Ordre Ancien estime que ces mesures sont insuffisantes pour garantir ce qu'ils appellent la "dominicanité". Son leader, Angelo Vasquez, menace d'organiser une «grève nationale» si des actions plus fermes ne sont pas mises en place pour contrer l'immigration. Un manifestant, Juan Pablo de León, a exprimé son mécontentement en affirmant que le gouvernement ne faisait pas assez pour contrôler la situation.

En 2024, le gouvernement a déjà expulsé 276.000 Haïtiens, selon des chiffres officiels. Les Haïtiens représentent 30% de la main-d'œuvre dans des secteurs critiques tels que l'élevage, l'agriculture et la construction en République dominicaine, soulevant des questions sur l'impact économique que ces expulsions peuvent engendrer. Alors que la tension entre les deux pays ne cesse d'augmenter, de nombreux observateurs appellent à un dialogue ouvert pour parvenir à des solutions durables.