Le lynchage brutal de Hamdan Ballal, coréalisateur du film oscarisé « No Other Land », rappelle tragiquement les violences que subissent quotidiennement de nombreux Palestiniens. Hamdan, âgé de 33 ans, a disparu alors qu'il était sous l'attaque de colons israéliens à Soussiya, un village en Cisjordanie, où il avait été blessé. Son arrestation s’est donc ajoutée à une série d’actes toujours plus violents, soulignant la répression systématique que subissent les civils palestiniens.

Le 24 mars dernier, Hamdan Ballal a été arrêté par l'armée israélienne dans ce même village, qui est théoriquement sous occupation depuis 1967. D'après ses collègues Yuval Abraham et Basel Adra, les circonstances de son arrestation sont choquantes : « Un groupe de colons a attaqué la maison de Hamdan alors qu'il était déjà blessé. Des soldats sont ensuite intervenus dans l'ambulance qu'il avait appelée et l'ont arrêté. »

« Nous sommes attaqués tous les jours », a déclaré Basel Adra, soulignant la recrudescence des agressions depuis le retour de l'équipe des Oscars. Pour de nombreux observateurs, cela semble être une réponse vindicative à leur succès dans la réalisation de ce documentaire qui dépeint les tragédies humaines causées par la colonisation israélienne.

La famille de Hamdan a également été touchée par la violence de cet incident, sa femme rapportant l'avoir entendu crier « je suis en train de mourir » alors qu'il était beat. Des témoignages évoquent des scènes de chaos et d'angoisse devant leur domicile, laissant un petit garçon, Karam, âgé de seulement 7 ans, près du sang de son père.

L’arrestation de Hamdan a suscité des réactions à l’échelle mondiale. Les avocats de la défense rapportent qu'ils n'ont pas pu établir de contact avec lui, malgré les affirmations de la police israélienne selon lesquelles il aurait été détenu pour des soins médicaux sur une base militaire. En parallèle, l'armée israélienne a justifié son intervention, prétendant que Hamdan et deux autres civils auraient lancé des pierres, une version néanmoins contestée par des témoins.

« Hamdan Ballal est un prisonnier politique », proclament ses alliés, soulignant que son film, qui aborde le déplacement forcé des Palestiniens, constitue une forme de menace pour le récit dominant. Le film « No Other Land » a été tourné à Massafer Yatta, un village proche de Soussiya, et dénonce les expulsions forcées, qui ont été validées par une décision de la Cour suprême israélienne.

Malgré la répression, « No Other Land » continue de recevoir des distinctions internationales, ce qui témoigne de la résonance de son message au-delà des frontières. L'annonce de l'agression et de l'arrestation de Hamdan Ballal a même capté l'attention de la communauté cinématographique, y compris le célèbre acteur Mark Ruffalo, qui s'est exprimé sur les réseaux sociaux pour appeler à la vigilance contre de telles violences. Cet incident participe d'un tableau alarmant des atteintes aux droits de l'homme en Palestine, qui interpelle la conscience mondiale et appelle à l'action.