Luca de Meo : "Nous entrons en 2025 avec un marché de la voiture électrique qui est à la moitié de ce qu'il devrait être"
2024-09-26
Auteur: Michel
Dans une récente tribune publiée dans le quotidien italien Il Sole 24 Ore, Luca de Meo, directeur général du Groupe Renault, a mis en lumière les défis majeurs auxquels l'industrie automobile européenne fait face, surtout en comparaison avec la position dominante de la Chine. Il a appelé à une action collective et à un investissement accru dans l'innovation pour renforcer la compétitivité du secteur en Europe.
De Meo souligne que l'industrie automobile représente un pilier essentiel pour l'économie européenne, contribuant à hauteur de 8 % au PIB de l'UE, générant environ 13 millions d'emplois et représentant un tiers des dépenses privées en recherche et développement. Cependant, il prévient que le marché automobile mondial s'est déplacé vers la Chine, qui détient maintenant 30 % du marché global et 60 % pour les véhicules électriques.
"L'Europe ne doit pas seulement se concentrer sur les coûts", dit-il, "mais également sur l'innovation technologique, où nos investissements sont de 2 à 3 fois moins importants que ceux de nos concurrents. Nous avons besoin d'un marché unique des capitaux pour attirer les investisseurs, sans quoi nous continuerons à voir notre domaine d'activité se réduire et se délocaliser vers d'autres régions.”
Luca de Meo appelle à créer des écosystèmes propices à l'innovation et à la collaboration, notamment en simplifiant la réglementation qui pèse sur l'industrie, qui peut aller jusqu'à 25 % des ressources consacrées à la recherche et développement. Il met également l'accent sur l'importance d'une stratégie industrielle cohérente, comme le préconise le rapport Draghi, pour garantir la survie et le succès futur de l'industrie automobile européenne.
Par ailleurs, l'approvisionnement en matières premières et leur raffinement en Europe sont essentiels pour soutenir cette transition écologique : "Nous investissons 250 milliards d'euros d'ici 2030 pour décarboner le secteur des transports, mais il existe des obstacles importants, notamment les pénuries de matériaux cruciaux et le retard dans la création d'infrastructures de recharge", prévient de Meo.
Il exhorte l'Europe à reconsidérer ses priorités et à agir de manière pragmatique : "Nous devons aborder 2025 avec un marché de la voiture électrique qui soit bien plus développé, car actuellement, il est encore largement sous-dimensionné. La compétition est féroce, et nous avons besoin de soutien pour éviter les pénalités financières qui pourraient nous mettre en péril, surtout alors que nous sommes sur le point de lancer 86 nouveaux modèles de véhicules électriques dans les 24 mois à venir."
De Meo aborde également le sujet de la délocalisation des usines, notant que la production de véhicules compacts devient de plus en plus difficile et coûteuse en Europe, ce qui pousse de nombreuses entreprises à transférer leur production vers des régions à coûts de main-d'œuvre plus bas. Il conclut en insistant sur la nécessité de retrouver une dynamique positive pour l'industrie automobile européenne, en favorisant des solutions durables et en améliorant les conditions de production.