Pendant des décennies, l'autisme a été perçu comme un trouble principalement masculin. Les chercheurs, y compris moi-même, ont concentré leurs efforts sur l’étude des garçons et des hommes, ce qui a abouti à une vision très limitée de ce qu'est réellement l'autisme, explique Gina Rippon dans New Scientist. Mais cela est en train de changer grâce à des travaux récents.

Dans son ouvrage percutant, *Les filles oubliées de l’autisme. Comment la science a abandonné les femmes autistes*, publié en avril dernier au Royaume-Uni, la neurobiologiste met en exergue cette lacune flagrante dans la recherche et la pratique clinique. Beaucoup de jeunes femmes se voient encore attribuer des diagnostics erronés d'anxiété, de dépression ou de troubles de la personnalité, masquant ainsi leur véritable condition liée au trouble du spectre autistique (TSA).

Le problème réside dans le fait que les manifestations de l'autisme chez les femmes diffèrent souvent de celles des hommes. Les chercheurs commencent tout juste à dévoiler que le cerveau d'une femme autiste fonctionne différemment. Cette différence cérébrale peut avoir des implications profondes sur le comportement et les interactions sociales. De plus, de nombreuses femmes adoptent une stratégie de camouflage, c'est-à-dire qu'elles cachent leurs comportements autistiques en imitant ceux des autres pour mieux s'intégrer. Ce comportement de dissimulation est largement répandu, mais il peut générer un stress immense et une perte de soi.

L'oubli des femmes autistes dans la recherche scientifique n'est pas seulement un problème d’équité, mais aussi un frein à la compréhension complète de ce trouble complexe. Alors que les études se multiplient, il devient crucial d’accorder de l'attention à cette question pour assurer des diagnostics appropriés et un soutien véritable aux femmes qui vivent quotidiennement avec l'autisme. Cette prise de conscience croissante pourrait conduire à une réévaluation des méthodes diagnostiques et une amélioration des soins destinés à cette population longtemps négligée.