L’Espagne a attiré un impressionnant total de 94 millions de visiteurs l'année dernière, établissant ainsi un record historique qui, bien que salué par les autorités, soulève des inquiétudes concernant la congestion touristique. Le gouvernement est désormais engagé dans une lutte active contre le surtourisme, un phénomène qui affecte de plus en plus de destinations à travers le pays.

La fréquentation a augmenté de 10 % par rapport à 2023, une année qui avait déjà enregistré un précédent record. Selon les déclarations de Jordi Hereu, ministre de l’industrie et du tourisme espagnol, cette tendance confirme le rôle incontournable de l’Espagne dans l’industrie touristique mondiale. Les retombées économiques de cet afflux de visiteurs sont considérables, avec des recettes s'élevant à 126 milliards d'euros, en hausse par rapport aux 108 milliards de l’année précédente.

En tant que deuxième destination touristique au monde, juste derrière la France qui a accueilli 98 millions de touristes en 2023, l'Espagne continue de renforcer sa réputation. Le rapport récent de l'association professionnelle Mesa del Turismo prédit que le pays pourrait accueillir jusqu'à 95 millions de visiteurs en 2024, avec des dépenses prévisibles dans le secteur atteignant les 200 milliards d'euros, intégrant les touristes nationaux.

La hausse des visiteurs provient principalement du Royaume-Uni, de France et d’Allemagne, alors que l’Espagne s’efforce d’élargir son modèle touristique en diversifiant les produits et destinations.

Cependant, cette situation entraîne des tensions dans plusieurs régions très touristiques, telles que Barcelone, Malaga, les îles Baléares et les Canaries, où la multiplication des manifestations contre le surtourisme a été remarquée ces derniers mois. Les résidents s'inquiètent de la saturation des infrastructures et de la disparition des commerces traditionnels au profit de boutiques touristiques. L'une des préoccupations majeures est l'augmentation vertigineuse des loyers, de nombreux propriétaires privilégiant la location touristique, beaucoup plus lucrative.

En reconnaissance de ces défis, des mesures ont été mises en place par plusieurs municipalités. À Barcelone, par exemple, la mairie a décidé de ne pas renouveler les licences de près de 10 000 appartements touristiques, qui viendront à expiration en novembre 2028.

La bataille contre le surtourisme prend aussi une nouvelle forme avec la promesse du Premier ministre Pedro Sanchez de prioriser l'utilisation résidentielle des biens immobiliers. Il a été explicite sur le fait qu'il "y a trop de Airbnb et pas assez de logements" et a proposé de nouvelles régulations, notamment l'augmentation des taxes sur les locations de vacances et l'instauration d'une taxe pouvant atteindre 100 % sur les achats immobiliers par des non-résidents non européens.

Ce contexte de record de fréquentation touristique et de tensions locales souligne la nécessité d'un équilibre entre l'accueil des visiteurs et le bien-être des communautés locales, rendant l’avenir du tourisme en Espagne à la fois prometteur et incertain.