Les Presses universitaires de France (PUF) ont pris la décision inattendue de suspendre la publication d'un livre controversé intitulé *Face à l'obscurantisme woke*, qui devait sortir le 9 avril prochain. Cet ouvrage vise à dénoncer la montée des "idéologies décoloniales, des théories de la race et du genre" au sein des domaines de recherche en lettres, sciences humaines, droit, et même dans les sciences dures.

La maison d'édition justifie sa décision en indiquant que les "conditions nécessaires à un accueil serein de ce livre collectif ne sont plus réunies aujourd'hui", précisant que le projet avait été conçu il y a plus de deux ans dans un contexte différent. Ce livre est dirigé par des intellectuels renommés tels qu'Emmanuelle Hémini, Xavier-Laurent Salvador et Pierre Vermeren, qui soulignent l'importance d'un débat ouvert sur ces questions.

Un point de tension a été évoqué dans la communication des PUF : certains des contributeurs font partie de l'Observatoire d'éthique universitaire, anciennement désigné comme l'Observatoire du décolonialisme. Ce groupe se veut un contre-pouvoir face à ce qu'il perçoit comme une dérive identitaire et wokiste au sein du milieu universitaire. Cependant, il est régulièrement critiqué pour sa méthodologie, comme le note le site Arrêt sur Images, ce qui jette une ombre sur la validité de ses interventions.

Par ailleurs, les PUF ont également mis en lumière le fait que l'Observatoire a récemment bénéficié de financements d'un projet controversé, le "projet Périclès", piloté par le milliardaire traditionaliste Pierre-Edouard Stérin. Ce dernier, entrepreneur à succès dans le domaine des coffrets-cadeaux, cherche à promouvoir la droite traditionaliste dans ce qu'il considère comme une "bataille culturelle". Son ambition inclut l'élection de 300 maires du Rassemblement national dans des petites et moyennes villes d'ici 2026.

En réponse à ces accusations, l'Observatoire d'éthique universitaire assure que leur livre a été préparé sans aucune influence extérieure et sans financement direct, affirmant que "personne n'a touché d'argent ni à valoir" pour ce projet.

Suite à la suspension, Pierre Vermeren a déclaré à notre source que plusieurs éditeurs se sont déjà manifestés pour reprendre la publication du livre. Il considère cette décision comme une forme de "censure préalable", arguant qu'il est injuste de tirer des conclusions sur un ouvrage que personne n'a encore eu l'occasion de lire. En somme, la polémique autour de cette publication soulève de nombreuses questions sur la liberté d'expression et les débats intellectuels contemporains en France.