
En RDC, le M23 prend le contrôle de Walikale, une clé stratégique pour le secteur minier
2025-03-20
Auteur: Emma
Le Mouvement du 23 mars (M23), un groupe armé engagé dans une lutte contre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC), a récemment conquis la localité de Walikale, un carrefour stratégique riche en ressources minières tels que l'or et l'étain, selon des sources sécuritaires et locales. Cette prise de contrôle s'est produite dans la soirée du mercredi 20 mars après une série de combats intense.
Il s'agit d'une avancée significative pour le M23, qui, depuis sa formation en 2012, n'avait jamais progressé aussi loin vers l'ouest du pays. Cette offensive intervient quelques jours après que les présidents de la RDC, Félix Tshisekedi, et du Rwanda, Paul Kagame, se soient rencontrés à Doha, où ils avaient discuté d'un cessez-le-feu vague, ce dernier étant accusé d'apporter un soutien militaire au M23.
Les forces armées congolaises (FARDC) ont confirmé l’occupation de Walikale par le M23. Un officier a indiqué que les forces congolaises s'étaient retirées pour éviter des pertes humaines, tandis que des habitants rapportaient avoir vu des combattants du M23 dans les rues de la ville.
Cependant, la situation humanitaire s'annonce préoccupante. Une base de Médecins Sans Frontières (MSF) a été touchée lors des affrontements, bien qu’aucun blessé n'ait été recensé jusqu'à présent. Le responsable local de MSF, Marco Doneda, a exprimé ses inquiétudes quant à un potentiel afflux de blessés dans les heures et jours à venir.
La prise de Walikale entraîne également des conséquences économiques considérables. La société Alphamin Mining avait déjà décidé d'évacuer son personnel et de suspendre les opérations de sa mine de cassitérite à Bisie, connue comme l'une des plus grandes sources d’étain au monde, située à environ 50 km au sud de Walikale. L'accès à cette mine stratégique est désormais compromis, ce qui pourrait entraver la production d'étain sur le marché mondial.
Walikale, qui compte environ 60 000 habitants, est au croisement de deux routes importantes menant aux chefs-lieux de Goma et Bukavu. Le M23, soutenu par des troupes rwandaises, continue de s'étendre dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, montrant une intensité croissante de ses opérations depuis sa réémergence en 2021. Cette situation reste préoccupante pour l’ensemble de la région, car elle pourrait affaiblir encore davantage l’autorité du gouvernement congolais.
Dans le contexte de cette escalade, les poursuites de négociations de paix se révèlent cruciales. Les discussions directes entre le gouvernement congolais et le M23, qui devaient avoir lieu à Luanda sous l’égide du président angolais Joao Lourenço, n’ont finalement pas eu lieu, dépassant ainsi les tensions. Les accusations du M23 contre l’Union européenne pour entrave aux processus de paix compliquent davantage la situation, témoignant d'une crise qui dure depuis des années et qui nécessite une attention internationale immédiate.