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Les PDG du CAC 40 : des rémunérations astronomiques qui interrogent

2024-11-14

Auteur: Emma

En 2023, les dirigeants du CAC 40 ont perçu un salaire moyen de 7,1 millions d'euros, soit une augmentation de 6 % par rapport à 2022 et une hausse spectaculaire de 37 % depuis 2019. Ces chiffres consternants équivalent à près de 304 fois le salaire minimum français, soulevant un débat intense sur l'équité des rémunérations au sein des grandes entreprises.

Des salaires qui dépassent les limites

Le rapport du cabinet Proxinvest met en lumière la disparité grandissante entre les dirigeants et les employés. Avant la crise du COVID-19, la rémunération moyenne était de 5,2 millions d'euros. Aujourd'hui, cette augmentation se produit alors que de nombreuses entreprises continuent de lutter pour retrouver un équilibre économique après la pandémie.

Les dirigeants du CAC 40 ne sont pas les seuls concernés ; le SBF 120, qui inclut 120 grandes entreprises françaises, connaît également des augmentations, atteignant une moyenne de 4,3 millions d'euros, en hausse de 2 % par rapport à l'année précédente.

Bernard Charlès, PDG de Dassault Systèmes, mène la danse avec une rémunération astronomique de 46,8 millions d'euros, dont l'essentiel provient d'actions de performance. Cela soulève des questions éthiques sur la valorisation de ces packages de rémunération et leur impact sur l'image des entreprises, surtout dans un contexte où les syndicats et les employés revendiquent de meilleures conditions de travail.

Des primes qui flambent

Ilham Kadri, directrice générale de Solvay, incarne cette tendance avec des émoluments de 23 millions d'euros, dont 12 millions sous forme de prime exceptionnelle pour une réorganisation stratégique de son entreprise. Ce type de primes semble être devenu la norme, augmentant la pression sur les entreprises pour justifier de telles sommes alors que de plus en plus d’employés peinent à joindre les deux bouts en raison de l'inflation.

Les controverses autour des salaires ne manquent pas. Carlos Tavares, directeur de Stellantis, a reçu 17,8 millions d'euros, dont une part significative par le biais d'actions de performance. Bien que sa rémunération ait été approuvée par une majorité des actionnaires, de nombreuses voix se sont élevées contre cette situation, révélant une dissension croissante entre les dirigeants et les attentes des investisseurs.

La montée des salaires fixes ne fait que renforcer ces critiques, atteignant des sommets historiques. En moyenne, les salaires fixes des dirigeants du CAC 40 s'élèvent à 1,34 million d'euros, un chiffre qui alimente les débats sur la responsabilité sociale des entreprises (RSE).

Vers un changement de paradigme ?

Le rapport de Proxinvest alerte sur le caractère court-termiste des attributions d'actions de performance, comme le montre le PDG de Vallourec, Philippe Guillemot, qui a perçu 12,3 millions d'euros, avec des actions valables seulement sur une période de 90 jours. Cette méthode soulève des questions sur le bon sens des mesures de performance, sur les répercussions à long terme de telles décisions et sur l'impact que cela a sur les employés en gage de résultats immédiats.

Dans un climat économique où l'inflation gronde et où les enjeux de justice sociale sont au cœur des préoccupations, le débat sur les salaires des dirigeants du CAC 40 pourrait bien être le catalyseur d'un renouveau en matière de gouvernance d'entreprise. Les grandes entreprises se doivent d'écouter les grilles de revenus qui sont désormais plus que jamais dans le viseur de la société.