La « saignée industrielle » : un cri d’alarme pour les villes moyennes
2024-11-16
Auteur: Marie
La France est confrontée à une véritable tempête industrielle. Des fermetures d'usines qui menacent plus de 1.200 emplois chez Michelin à Cholet et Vannes, ainsi que des suppressions de postes chez Mavic dans l'Ain, soulèvent de vives inquiétudes. Le sous-traitant automobile Plastivaloire à Langeais prépare également un plan social qui va toucher de nombreuses familles. La situation est alarmante avec 48 postes menacés chez Azur Production en Meurthe-et-Moselle, et ce n'est probablement pas la fin de cette liste déprimante.
Sophie Binet, la secrétaire générale de la CGT, a averti dans une récente interview que « nous sommes au début d'une violente saignée industrielle », prévoyant la perte possible de plus de 150.000 emplois dans un climat de tensions politiques et économiques accentuées par la montée des coûts de l'énergie.
Guillaume Caudron, coauteur du livre « Réindustrialiser », met en lumière la souffrance des travailleurs associés à ces fermetures d'usines. « Chaque emploi perdu entraîne des drames familiaux », souligne-t-il, exprimant sa préoccupation face à un environnement où la croissance économique commence à ralentir.
Les villes moyennes en première ligne
Les villes moyennes, qui hébergent 65 % de l'industrie française, se retrouvent sous le feu des annonces de plans sociaux. Brice Soccol, politologue, alerte sur le risque d'une France à deux vitesses. Il explique que la désindustrialisation génère un fort sentiment de vulnérabilité parmi les populations affectées.
Alors que l'on se souvient du mouvement des « gilets jaunes » qui a émergé en 2018, la situation actuelle pourrait bien raviver des tensions sociales, avec des fermetures d'usines qui se multiplient. Martin Videlaine rappelle que la fermeture d'une usine entraîne la disparition d'intégrés écosystèmes économiques locaux, créant ainsi du chômage au sein de communautés déjà fragiles.
Un avenir incertain
À Cholet et Vannes, les fermetures d'usines Michelin touchent des villes où le chômage est rare. Les maires, tels que David Robo à Vannes, expriment leur scepticisme quant à la mobilité des travailleurs : « Beaucoup ont des ménages à rembourser et peu sont prêts à déménager pour un salaire moins élevé ». Le maire de Cholet, Gilles Bourdouleix, abonde dans ce sens, soulignant le contraste entre les offres d'emploi dans d'autres entreprises et celles de Michelin.
D'autres secteurs comme la chimie sont aussi en grande difficulté, avec des sociétés comme WeylChem Lamotte qui annoncent des plans de restructuration, mettant ainsi en péril des dizaines d'emplois dans des communes rurales.
Démarrer un mouvement social ?
Alors que la Semaine de l'Industrie approche, avec des milliers d'événements organisés pour promouvoir les carrières dans l'industrie, la question se pose : cette phase sombre pourrait-elle pousser les travailleurs à se mobiliser ? Marc Ferracci, ministre délégué de l'Industrie, préfère voir cela comme un projet de société nécessaire, tant pour la souveraineté nationale que pour la cohésion territoriale. Les élus et les acteurs locaux, tels que Brice Soccol, évoquent la nécessité d'un soutien ciblé pour chaque territoire, afin de restaurer un sentiment d'égalité et d'importance parmi les populations qui se sentent laissées pour compte.
Face à toutes ces incertitudes, l'importance de la réindustrialisation devient plus qu'une question économique ; elle touche directement le tissu social français tout entier. En conclusion, il est impératif d'agir maintenant, car une fois que la colère se répand, il pourrait être trop tard pour rétablir la paix sociale.