Les Mythes des Zones Bleues : Démêler le Vrai du Faux sur la Longévité Mondiale
2024-12-29
Auteur: Léa
À Okinawa, au Japon, cette région est longtemps célébrée comme "l'île des centenaires". En Sardaigne, c'est Nuoro qui a acquis une réputation similaire pour le grand âge de ses habitants. Avec des lieux comme Icarie en Grèce, la péninsule de Nicoya au Costa Rica et la communauté de Loma Linda en Californie, ces endroits ont été qualifiés de "zones bleues" par le journaliste Dan Buettner. Celles-ci seraient des havres sur Terre où les centenaires prospèrent en nombre révolutionnaire.
Depuis quelques années, les "zones bleues" ont fait l'objet d'un intérêt médiatique croissant, notamment grâce à la série Netflix sortie en août 2023, intitulée "100 ans de plénitude : les secrets des zones bleues". Cependant, une étude virale, bien que prépubliée et non encore validée par un comité de lecture, a récemment jeté le doute sur la validité de ces assertions. Réalisée par le chercheur Saul Justin Newman de l'université d'Oxford, cette étude dénonce des erreurs méthodologiques dans les données démographiques concernant les centenaires dans plusieurs pays.
Newman n’hésite pas à affirmer que les renseignements sur le vieillissement humain sont "pourris de l’intérieur". Pour lui, les méthodes de validation des données par les démographes sont fallacieuses, ne permettant pas de détecter les erreurs dans les chiffres de longévité. Il pointe du doigt le manque de certificats de décès aux États-Unis pour des individus considérés comme centenaires. Un argument qui ne trouve pas écho parmi les démographes interrogés par Franceinfo.
Les experts, comme France Meslé de l'Institut national d'études démographiques (Ined), défendent la rigueur des méthodes utilisées pour valider l'existence des supercentenaires. Ils précisent que des vérifications approfondies, telles que le suivi du cycle de vie des individus, vont bien au-delà d'une simple confrontation de certificats.
Sur le sol français, la validité des certificats de naissance pour les semi-supercentenaires est également mise en cause par Newman, qui pourtant se heurte au démenti de scientifiques tels que François Robin-Champigneul, établissant que tous les centenaires français répertoriés par l'IDL ont un acte de naissance vérifié.
Les États-Unis, selon Newman, auraient vu leur nombre de supercentenaires chuter de 80% après l'introduction de certificats de naissance au XXe siècle. Ceci traduit une problématique d'enregistrement historique plutôt qu'une réelle diminution de la longévité.
Quant au Japon, les affirmations de Newman font état de 82% de "faux centenaires" retrouvés dans la population. Cependant, des spécialistes soulignent que les statistiques démographiques nationales sont en réalité fiables et largement reconnues.
Les "zones bleues", bien que fascinantes à étudier, pourraient également être considérées comme des mythes en déclin. Par exemple, une étude récente de 2024 indique une baisse de la longévité à Okinawa, tandis que la sufficient des jeunes générations est compromise par l'occidentalisation des régimes alimentaires. La présence de chaînes de restauration rapide au Costa Rica affecte également les siècles futurs de longévité des habitants.
En somme, la notion de "zones bleues" représente une combinaison de récits, de réalité et d'une idéalisation de la longévité qui mérite d'être examinée avec un regard critique. Le débat reste ouvert sur la définition correcte de ce qui constitue une "zone bleue" et sur les multiples facteurs qui influencent la longévité des populations à travers le monde.