Joe Biden bloque le rachat d'US Steel par Nippon Steel : les enjeux cachés d'une décision controversée
2025-01-03
Auteur: Emma
Le récent projet de fusion entre US Steel, un pilier de l'industrie sidérurgique américaine, et Nippon Steel, le géant japonais, a suscité de vives réactions au sein des sphères économiques et politiques aux États-Unis et au Japon. Dans une déclaration faite le 3 janvier, Joe Biden a annoncé qu'il bloquait ce rachat, invoquant la nécessité de protéger les intérêts économiques et sécuritaires des États-Unis.
« Cette fusion placerait l'un des plus grands producteurs américains d'acier sous contrôle étranger, ce qui pourrait poser des risques pour notre sécurité nationale et nos chaînes d'approvisionnement essentielles », a souligné le président américain. Alors qu'il doit céder le pouvoir à Donald Trump le 20 janvier, ce dernier avait aussi pris position contre cette fusion, qui avait été annoncée en décembre 2023.
Les États-Unis, premiers importateurs mondiaux d'acier, dépendent largement d'une industrie confrontée à la domination écrasante de la Chine. L'alerte sur les risques pour la sécurité nationale a été un des principaux arguments de Biden, malgré les avertissements de ses conseillers concernant les conséquences diplomatiques négatives que pourrait engendrer ce blocage.
Le syndicat des métallurgistes USW a exprimé sa reconnaissance envers Biden pour sa décision visant à préserver une industrie sidérurgique forte dans le pays, tout en appelant la direction de US Steel à prendre des mesures pour assurer la rentabilité de l'entreprise.
D'un autre côté, Nippon Steel a réagi avec indignation, dénonçant la décision du président comme une manipulation politique. Selon des représentants de Nippon Steel, le président n'a présenté aucune preuve crédible justifiant le risque pour la sécurité nationale, et ils envisagent des actions légales pour contester cette décision.
L'annonce a également eu un impact négatif sur les marchés : l'action de US Steel a chuté de 7,92 %, atteignant 30,02 dollars à l'ouverture de Wall Street. Les analystes soulignent que l'échec de cette fusion pourrait engendrer des répercussions économiques à long terme, notamment en Pennsylvanie, un État clé pour l'industrie sidérurgique américaine.
En parallèle, cette situation pourrait avoir des implications au cœur de la campagne présidentielle américaine de 2024. La position de Biden sur ce dossier semble s'inscrire dans une volonté plus large de revitaliser l'industrie américaine et de renforcer la souveraineté économique du pays. Ce blocage symbolise également une attention accrue sur l'importance stratégique de l'acier dans la fabrication des infrastructures américaines et dans la sécurité nationale.
La campagne électorale s'annonce d'autant plus déterminée que ni Biden ni Trump ne voient d'un bon œil un rachat qui serait perçu comme une perte de contrôle national sur une ressource stratégique. Le débat autour de cette fusion met en lumière des tensions plus larges sur le commerce mondial, la sécurité économique et la dépendance à l'égard des investissements étrangers.
Dans ce contexte, les relations entre Washington et Tokyo seront à surveiller de près, alors que l'industrie sidérurgique américaine continue de faire face à un tournant crucial, rendant cette décision du président Biden encore plus emblématique.