La France est-elle sur le point de subir une nouvelle déroute industrielle ? Les chiffres du cabinet Trendeo révèlent une augmentation alarmante des fermetures d'usines, accentuant les inquiétudes autour de la réindustrialisation du pays. Entre janvier et juin de cette année, 61 fermetures d’ateliers de plus de 10 salariés ont été annoncées, marquant une hausse de 9 % par rapport à la première moitié de 2023. En revanche, seules 79 nouvelles ouvertures ont été comptabilisées, soit une baisse de 4 % par rapport à l'année précédente. Bien que le solde net demeure positif, avec 18 ouvertures d'usines de plus que de fermetures, cette avance est en chute de 30 % par rapport à 2023 (où la différence était de 26). Ce phénomène s'accélère même, avec un étonnant rapport de 10 fermetures pour 5 nouvelles usines en juillet-août, une tendance qui remet encore plus en question l'efficacité des mesures prises par le gouvernement.

Des délocalisations inquiétantes

Les fermetures touchent particulièrement les petites et moyennes entreprises (PME) qui avaient émergé autour du mouvement de réindustrialisation des années 2015-2017. Des marques emblématiques comme Chamberlain, Kalium, Kraft Company et MC International Molds, qui avaient vu le jour pour renforcer le tissu industriel français, annoncent désormais leur désespoir en se fermant les portes.

La complexité du panorama industriel français ne s'arrête pas là. Les géants de l'industrie, comme IBM, ont récemment annoncé la suppression de 260 postes en France, une décision lourde de conséquences liée à une stratégie d'optimisation des centres de services à l’étranger. Stellantis fait écho à cette situation désastreuse en annonçant que deux lignes de production vont migrer vers l'Inde et l'Italie, tandis que Bosch délocalise également sa production en Europe de l’Est. Ces mouvements soulignent une tendance persistante aux délocalisations qui menace toujours davantage les emplois français.

L’énergie et le recyclage, une lueur d’espoir ?

Cependant, tout n’est pas sombre. La rentrée a été marquée par quelques initiatives prometteuses dans les secteurs de l'énergie et du recyclage. Constellium a considérablement élargi sa capacité de recyclage d'aluminium à Neuf-Brisach. Hermès, de son côté, poursuit son expansion avec l'ouverture de sa 23e maroquinerie à Riom, projetant la création de plusieurs centaines d'emplois.

De récentes annonces de nouvelles usines dans le domaine de la transition énergétique donnent également un motif d'optimisme. Des entreprises comme Hydrovolt, Enerdigit et TechNature s'apprêtent à lancer des projets innovants créant des emplois et favorisant un avenir plus durable. Voilà qui pourrait contribuer à inverser la tendance des fermetures d'usines, même si l'ombre des délocalisations plane encore sur le paysage industriel français.

Conclusion

Alors, que peut-on attendre de l'avenir ? Les décisions politiques s'avéreront-elles suffisantes pour relancer la réindustrialisation de la France et redonner espoir aux millions de travailleurs concernés ? Les mois à venir seront cruciaux pour définir la trajectoire de notre industrie, un enjeu vital pour l'économie de demain.