Science

Les climatosceptiques s'enthousiasment pour une étude... rédigée par l’intelligence artificielle d'Elon Musk

2025-04-04

Auteur: Marie

Une étude récemment mise en avant par les climatosceptiques sur les réseaux sociaux a été présentée comme entièrement rédigée par Grok 3, le chatbot d'intelligence artificielle (IA) d'Elon Musk. Intitulée « Réévaluation critique de l'hypothèse du réchauffement planétaire lié aux émissions de CO2 », cette étude remet en question les conclusions des experts du climat de l'ONU. Elle se base sur des travaux largement critiqués au sein de la communauté scientifique.

Des figures notables du climatoscepticisme, comme le biochimiste américain Robert Malone, qui a également diffusé des informations erronées concernant la vaccination durant la pandémie de Covid-19, ont partagé l'étude avec enthousiasme. Malone a affirmé que l'IA pourrait normaliser la recherche financée par l'État et que l'étude marquait la fin de ce qu'il appelle « l'escroquerie climatique ». Pourtant, de vastes consensus scientifiques existent, établissant un lien entre les combustibles fossiles et le réchauffement climatique ainsi que l'augmentation des événements météorologiques extrêmes.

Des chercheurs avancent que cette démarche pourrait donner une fausse impression de neutralité scientifique. Mark Neff, professeur en sciences de l'environnement, souligne que de tels grands modèles de langage ne pensent pas comme des humains; ils élaborent des réponses basées sur des modèles statistiques, sans réelle capacité d'analyse ou de recherche véritable.

L'un des coauteurs de l'étude est Willie Soon, un astrophysicien controversé connu pour avoir reçu des financements importants de l'industrie des énergies fossiles. Des experts notent également que certaines études citées par Grok 3 ont été critiquées lors de leur publication initiale, et leur inclusion dans cette nouvelle étude soulève des questions sur la rigueur de la méthodologie.

Elisabeth Bik, microbiologiste spécialisée dans l'intégrité scientifique, souligne l'opacité du processus d'analyse de l'IA, ce qui rend difficile la vérification de l'absence de biais. De plus, l'étude a été soumise et approuvée pour publication en seulement 12 jours, un délai exceptionnellement court qui a suscité des inquiétudes parmi les professionnels du domaine.

Gavin Schmidt, climatologue à la NASA, a exprimé des préoccupations quant à la capacité de l'IA à plagier des travaux de faible crédibilité. Naomi Oreskes, historienne des sciences à Harvard, a aussi ajouté que l'utilisation de l'IA dans ce contexte est un moyen de donner une fausse impression d'innovation dans le discours climatosceptique.

Il est essentiel que les lecteurs se méfient de ces études et prennent en compte la communauté scientifique dans son ensemble, qui continue d'alerter sur les conséquences du changement climatique. L'AFP a tenté de recevoir un retour des auteurs sur le processus de recherche, mais reste sans réponse.