Législatives à l’île Maurice : la débâcle du Premier ministre sortant
2024-11-11
Auteur: Marie
Le Premier ministre mauricien sortant, Pravind Kumar Jugnauth, a officiellement reconnu sa défaite le lundi 11 novembre. Cette élection législative a été marquée par des préoccupations croissantes concernant la stabilité politique et économique d'une des démocraties les plus solides et prospères d'Afrique. Jugnauth a déclaré à la presse : « La population a choisi une autre équipe. Je lui souhaite bonne chance. »
Le Mouvement socialiste militant de M. Jugnauth et ses alliés espéraient conserver leur majorité à l’Assemblée nationale, où ils détenaient 42 des 70 sièges. Toutefois, les résultats préliminaires annoncent la victoire de l’Alliance du changement, dirigée par Navin Ramgoolam, un vétéran de la politique mauricienne âgé de 77 ans, qui a déjà occupé le poste de Premier ministre par le passé.
Pravind Jugnauth, qui espérait obtenir un second mandat de cinq ans, a vu sa campagne ternie par un scandale d'écoutes téléphoniques à grande échelle. Des enregistrements compromettants impliquant des personnalités politiques, des membres de la société civile et des journalistes ont été divulgués sur les réseaux sociaux en octobre. Face à la mobilisation de l'opposition, les autorités ont dû annuler leur décision de bloquer les réseaux sociaux pour garantir un scrutin libre et équitable.
Des inquiétudes concernant la fraude électorale ont également subtilement plané sur ce scrutin, entraînant le déploiement de forces policières dans les bureaux de vote. Bien que M. Ramgoolam ait évoqué des préoccupations initiales, il a ensuite assuré que les élections se sont déroulées sans incidents notables. « Nous nous dirigeons vers une large victoire. Le peuple attend cette libération », a-t-il affirmé. Son concurrent, M. Jugnauth, garantissant également confiance en la victoire en raison des résultats antérieurs positifs de son gouvernement.
Dans cette élection, les deux hommes ont dû faire face à une nouvelle coalition qui se présente comme une alternative, avec un slogan percutant : « Ni Navin ni Pravind », dénonçant la corruption et le népotisme. Un total impressionnant de 891 candidats étaient en lice, mais seulement 62 d'entre eux seront élus députés à l'issue du scrutin.
Environ un million d’électeurs étaient inscrits pour ces douzièmes législatives de l’histoire de la République de Maurice. L’alliance menée par M. Jugnauth avait précédemment remporté les élections de 2019 avec 42 sièges, renforçant ainsi la légitimité d’un homme qui avait pris le relais de son père, Anerood Jugnauth, en 2017.
Navin Ramgoolam, qui a été Premier ministre à deux reprises, est également connu comme le fils de Seewoosagur Ramgoolam, le premier chef de gouvernement du pays après l’indépendance de la Grande-Bretagne.
Il est important de noter qu’en octobre, Maurice a finalisé un accord avec le Royaume-Uni concernant l'archipel des Chagos, un sujet sensible qui date de décennies et qui représente une réelle victoire politique pour le pays. Cet accord a été célébré par M. Jugnauth comme un pas vers la décolonisation, bien qu'il stipule que Londres gardera des droits souverains sur la base militaire américaine présente sur le territoire jusqu'à l'échéance d'une période de quatre-vingt-dix-neuf ans. La question de la souveraineté sur les Chagos demeure un enjeu crucial pour les relations entre Maurice et le Royaume-Uni.
La scène politique à l'île Maurice est en train de changer de manière significative, et il sera fascinant de voir comment cette nouvelle dynamique influencera le pays dans les années à venir.