Au cœur de l'océan Indien, Mayotte, le département français le plus pauvre, a été dévasté par le cyclone tropical Chido, considéré comme « exceptionnel ». Le 14 décembre, cette catastrophe a causé au moins 14 morts et près de 250 blessés, selon un bilan toujours incertain. Le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaila, a rapporté que l'hôpital local a été gravement touché, tout comme les écoles et de nombreuses habitations. Il a décrit la situation comme un véritable champ de ruines.

Le préfet de Mayotte, François-Xavier Bieuville, a exprimé des craintes concernant le nombre de morts, s’attendant à ce que le bilan puisse atteindre plusieurs centaines, voire quelques milliers. Ce défi est amplifié par des considérations culturelles, car la tradition musulmane exige que les défunts soient enterrés dans les 24 heures suivant leur décès, compliquant ainsi les efforts de comptage des victimes.

Dimanche à 18 heures, l'alerte rouge a été levée, bien que la préfecture ait mis en garde contre un risque de vagues-submersion. Un pont aérien et maritime a été organisé depuis l'île de La Réunion pour apporter des secours. Le premier vol de sécurité civile a atterri dimanche à 15 h 30, transportant du matériel de secours et des équipes médicales.

Le cyclone a causé des rafales de plus de 220 km/h, la vigueur de ses vents étant la plus forte jamais enregistrée à Mayotte depuis 90 ans. De nombreux arbres ont été arrachés, les toits enlevés et les infrastructures détruites. Selon Bruno Retailleau, ministre de l'intérieure démissionnaire, le tiers de la population mahoraise vit dans des conditions de précarité, et les dégâts sont massifs, notamment dans les bidonvilles.

Les informations sur les pertes humaines restent sporadiques en raison du confinement de la population et des difficultés de communication. Il faudra probablement plusieurs jours pour établir un bilan précis, selon Retailleau, qui a qualifié la situation de « dramatique ». Alors que le préfet de la Réunion a réuni des responsables pour coordonner les opérations de secours, l'approvisionnement en eau et électricité est également gravement impacté dans l'archipel.

Le Secours populaire a lancé un appel aux dons pour soutenir les résidents de Mayotte, où la majorité vit déjà sous le seuil de pauvreté. Le préfet a souligné que beaucoup « avaient tout perdu » et a décrit ce cyclone comme le plus destructeur depuis 1934.

Bien que le cyclone ait perdu en intensité en s'éloignant de Mayotte, les conditions sur le terrain demeurent très difficiles. Des dégâts majeurs aux Comores, voisins de Mayotte, se sont avérés principalement agricoles, mais les épisodes de glissements de terrain et déplacés restent préoccupants. Le président comorien, Azali Assoumani, a exprimé sa solidarité envers Mayotte en soulignant la nécessité de tirer des leçons de cette tragédie face aux impacts du changement climatique.

Le cyclone a également poursuivi sa trajectoire vers le Mozambique, causant des vents violents et des pluies torrentielles en touchant terre près de la ville de Pemba. Les prévisions météorologiques indiquent un reste de conditions extrêmes, avec des conséquences humaines et matérielles déjà alarmantes dans la région.