Alors que la France se prépare à une année 2024 marquée par des inondations et des sécheresses extrêmes, il devient crucial d'anticiper les évolutions de la demande en eau sur le long terme. Une étude commandée par la Première ministre Élisabeth Borne à l'automne 2023 présente trois scénarios prospectifs concernant l'usage de l'eau entre 2020 et 2050, chacun proposant des solutions aux défis posés par le changement climatique.

Le rapport de France Stratégie, qui s’appuie sur une démarche collaborative impliquant experts, agriculteurs, industriels et associations environnementales, a été discuté au sein du Comité national de l’eau, assurant ainsi la validité de ses conclusions au plus haut niveau.

Scénarios de la demande en eau pour 2050

Le premier scénario, dit « tendanciel », prévoit une légère augmentation des prélèvements (+1 %) en raison des besoins croissants en irrigation, en particulier dans l'agriculture. Cependant, cette approche risque de ne pas suffire face aux hausses prévues de la fréquence des périodes de sécheresse.

Le deuxième scénario, « politiques publiques », envisage une réduction de 24 % des prélèvements par le biais de mesures proactives, tandis que le dernier scénario, « de rupture », propose une diminution drastique de 47 % en adoptant des pratiques de sobriété hydrique.

Le scénario tendanciel : une adaptation lente

Dans ce scénario, l’augmentation des prélèvements serait principalement liée à la demande croissante dans le secteur énergétique, même si une stagnation est anticipée pour d'autres secteurs. D’ici 2050, l’agriculture française devrait continuer à prospérer, avec une forte augmentation des cultures de soja et des tubercules comme les pommes de terre (+81 %) et les betteraves à sucre (+19 %).

Le scénario « politiques publiques » : agir pour préserver

Pour adherer aux objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), une transition vers une alimentation plus végétale est impérative, entraînant une réduction significative de l’élevage traditionnel. À travers une mise en place massive de cultures de protéines végétales, les acteurs du secteur doivent intégrer des méthodes d'irrigation plus efficaces, tout en renforçant la gestion des ressources en eau en Bretagne, où la récupération des eaux de pluie est essentielle.

Le scénario de rupture : un changement radical

Ce scénario implique une réduction drastique de la consommation de ressources en eau, avec des innovations en agroforesterie pour favoriser la rétention d’eau. En Provence-Alpes-Côte d'Azur, des systèmes de gestion de l'eau zéro déchet pourraient également transformer l'industrie touristique, en adoptant des techniques de recyclage et de gestion durable des ressources.

Comment se préparer aux défis à venir

La demande saisonnière en eau durant les mois d’été pourrait intensifier la pression sur les ressources déjà exacerbée par le changement climatique. La prochaine publication de France Stratégie, qui évaluera les tensions entre la demande et l'offre d'eau, sera cruciale pour développer des stratégies d'adaptation efficaces. Ces discussions permettront de préparer la France à d'éventuelles pénuries et à anticiper des conflits d'usage.

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