
L'alliance des quatre mousquetaires de la recharge rapide : Une avancée stratégique ou une fuite en avant ?
2025-04-03
Auteur: Pierre
Un pour tous et tous pour un ! Quand les quatre géants européens de la borne de recharge rapide s’unissent, cela donne naissance à la Spark Alliance, un projet ambitieux qui vise à déployer 1 700 stations et 11 000 points de recharge à travers 25 pays, de la Croatie au Portugal, en passant par les pays scandinaves.
Ces quatre acteurs clés comprennent Ionity, le leader incontesté sur le vieux continent, ainsi qu’Atlante, Electra et Fastned, chacun apportant son propre réseau national à cette initiative collective.
Cependant, il est crucial de noter que Spark Alliance ne se transforme pas en une nouvelle entreprise issue d’une fusion. Ce type de regroupement s’apparente davantage aux alliances stratégiques que l'on observe dans le secteur aérien, comme Skyteam, qui regroupe plusieurs compagnies aériennes mondiales.
Simplification de l’accès aux réseaux
L’objectif principal de ce nouvel ensemble n’est pas de révolutionner la recharge, mais d’alléger la tâche des automobilistes. Bien qu’ils devront toujours posséder une carte d’une des marques participantes, la bonne nouvelle est qu’elle leur permettra désormais d’accéder aux bornes des trois autres opérateurs.
Mais qu’est-ce qui a poussé ces quatre acteurs à s’unir ? Officiellement, il s’agit d’améliorer l’expérience utilisateur. Comme le souligne Aurélien de Méaux, directeur d’Electra, « les conducteurs se perdent souvent dans un labyrinthe d’applications et de cartes, ce qui génère beaucoup de confusion et d’anxiété. »
Derrière cette façade d’entraide, les quatre entreprises savent qu’elles deviennent plus solides ensemble pour négocier avec les acteurs de l’électricité et tenir tête à de redoutables concurrents, notamment Tesla, qui dispose d'une présence européenne impressionnante avec ses 11 000 bornes ouvertes à d’autres marques.
Vers une standardisation des paiements
Les quatre « mousquetaires » entrevoient également la possibilité d'une standardisation du paiement des recharges, qui pourrait rapidement s'aligner sur les pratiques des stations-service traditionnelles. Une transition où les utilisateurs pourront démarrer leurs recharges et payer directement à la borne, avec leurs cartes bancaires. En France, suite à une directive européenne de 2020, chaque nouvelle borne doit être équipée d’un terminal de paiement par carte, une évolution déjà en cours sur de nombreuses aires d’autoroute.
Banques s’invitent dans le jeu
D’ici peu, des géants comme Visa et Mastercard remplaceront progressivement les cartes fonctionnelles des opérateurs historiques. À l'exception de TotalÉnergies, qui devrait maintenir son système de carte pour un usage professionnel, les cartes des autres opérateurs comme Chargemap, Fastned et Ionity pourraient désormais disparaître, laissant place à un paiement plus universel.
Conscients que leur modèle fermé est sur une pente glissante, ces quatre acteurs tentent de préparer un avenir dans lequel ils ne contrôleront plus l'ensemble de la chaîne, de l'installation des bornes à la gestion des paiements. Face aux investissements colossaux qu’ils ont engagés, ceux-ci ne sont pas encore rentabilisés, et la Spark Alliance pourrait bien représenter le commencement d'une réorganisation majeure dans le secteur de la recharge électrique.