Technologie

L’Allemagne veut rivaliser avec la France dans le domaine de la fusion nucléaire

2025-03-25

Auteur: Sophie

L’Allemagne met le cap sur l’avenir énergétique avec une centrale de fusion révolutionnaire utilisant des lasers.

L'ancien site nucléaire de Biblis en Hesse est sur le point de se transformer en un centre de recherche pionnier pour la fusion nucléaire. Ce projet ambitieux, qui paraît surprenant au vu de l’historique et de l’aversion du pays pour l’énergie nucléaire après Fukushima, vise à produire de l’énergie par fusion des noyaux atomiques grâce à des impulsions laser.

Le pays a promis un réacteur à fusion opérationnel d'ici six ans, capitalisant sur une technologie encore peu mature mais prometteuse. La transformation de Biblis, fermé depuis 2011, en centre de recherche pour la fusion pourrait marquer un tournant décisif dans la quête d’une énergie durable.

Une collaboration inédite

Le 13 mars 2025, un grand pas a été franchi avec la signature d'un protocole d'accord impliquant des représentants du gouvernement de Hesse, des universitaires, des industriels et des ingénieurs. Le but est de faire de la Hesse un leader mondial dans le domaine de la fusion par laser, avec un démonstrateur fonctionnel prêt dès 2035.

Les investissements publics atteignent déjà 20 millions d’euros cette année, soulignant l’engagement de l'Allemagne dans ce projet ambitieux.

La méthode innovante de la fusion par laser

Contrairement à d'autres projets de fusion, la méthode allemande ne repose pas sur la fission nucléaire classique, mais sur l’ignition d’un mélange de deutérium et de tritium par des lasers ultra-puissants. Cela pourrait potentiellement produire une quantité d’énergie considérable, sans déchets durables ni émissions de gaz à effet de serre. Ce procédé s'inspire des percées réalisées par le laboratoire américain de Livermore, qui a annoncé un gain énergétique sans précédent en 2022.

A l'avant-garde de cette recherche, la start-up Focused Energy, issue d'un partenariat entre l’Université Technique de Darmstadt et la société texane National Energetics, vise à industrialiser cette technologie. Avec un financement de 2,5 millions d’euros, dont une partie vient du gouvernement de Hesse, l’entreprise aspire à faire de l’Allemagne un acteur clé dans la course à la fusion nucléaire.

Une solution énergétique fiable

L’un des principaux avantages de la fusion par rapport aux énergies renouvelables traditionnelles est sa capacité à fournir une électricité constante, indépendamment des fluctuations climatiques. En effet, les systèmes de fusion pourraient fonctionner 24 heures sur 24, 365 jours par an, sans la nécessité d’un stockage coûteux.

Cependant, plusieurs défis techniques demeurent, notamment la régularité des tirs laser, la durabilité des matériaux et le rendement énergétique global.

Un enjeu industriel majeur

Ce projet représente également une opportunité économique significative. En cas de succès, l'Allemagne pourrait concevoir et produire localement les technologies nécessaires à la fusion, depuis les systèmes optiques jusqu'aux chambres de confinement. Le ministre de l’Économie de Hesse, Kaweh Mansoori, voit dans ce projet la possibilité de garantir une indépendance énergétique durable pour le pays, tout en créant des emplois qualifiés.

L’Allemagne s’efforce de réduire sa dépendance énergétique, particulièrement suite à son abandon du nucléaire traditionnel. La transition énergétique, portée par l’« Energiewende », a vu une hausse des énergies renouvelables, mais a également nécessité une augmentation temporaire de l’utilisation du charbon. Dans ce contexte, le projet de fusion pourrait permettre à l'Allemagne de retrouver une stature de leader stratégique tout en affrontant les futurs défis énergétiques.