Affaires

Lactalis réduit sa collecte de lait en France : une vraie catastrophe pour les éleveurs ?

2024-09-26

« C'est une vraie catastrophe pour le secteur laitier », a déclaré le président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA), Arnaud Rousseau, sur Franceinfo le 26 septembre. Lactalis a annoncé mercredi soir qu'à partir de fin 2024, le groupe allait diminuer les volumes de lait collectés dans les fermes françaises destinés aux marchés internationaux, se concentrant sur les produits mieux valorisés sur le territoire français. Concrètement, cela signifie une réduction d'environ 450 millions de litres sur une collecte annuelle de 5,1 milliards de litres de lait.

Cette décision risque d'avoir des conséquences dramatiques pour de nombreux éleveurs. Pour atténuer l'impact sur les troupeaux de vaches laitières en France et permettre aux producteurs de s'organiser, Lactalis s'engage à intervenir progressivement entre 2024 et 2030. La première étape de cette réduction touchera 320 millions de litres, en particulier dans les régions de l'est et du sud des Pays de la Loire, puis le non-renouvellement d'un contrat avec une coopérative prévu pour 2030 viendra s'ajouter à cette baisse.

« C'est une décision difficile pour nous, car nous avons toujours réussi à collecter les surplus de lait en France et à les valoriser à l'international », a ajouté Lactalis, soulignant que cette mesure vise à mieux valoriser le lait restant, en cohérence avec les récentes évolutions des formules de prix de la production laitière.

Lactalis avait déjà effectué des changements significatifs en avril dernier, en révisant son modèle de calcul du prix du lait, offrant ainsi un tarif de 425 euros pour 1 000 litres, basé sur un « prix de revient agricole ». Ce bouleversement survient à un moment où le mix de produits de Lactalis est composé de 50 % de ventes sur le marché français, 20 % à l'export, et 30 % de produits industriels très sensibles aux fluctuations des marchés mondiaux, tels que le beurre et la poudre de lait.

Les premiers échos de cette décision font craindre pour l'avenir des éleveurs. « Nous devons nous assurer que les producteurs continueront à trouver un collecteur de lait pour leur production », a déclaré Rousseau, concluant que cette annonce est une véritable alerte pour le secteur.

La question qui demeure est celle de l'impact à long terme sur les exploitations laitières françaises. Les incompréhensions sur le marché de l'exportation, qui représente environ un tiers des volumes totaux de Lactalis, alimentent une inquiétude croissante parmi les éleveurs. L'avenir du secteur laitier est donc plongé dans l'incertitude, alors que Lactalis, en tant que premier collecteur mondial, prend des décisions qui pourraient bien reshaper l'ensemble de l'industrie laitière en France.