La Russie transfère des équipements militaires de la Syrie vers la Libye - Une nouvelle stratégie géopolitique ?
2024-12-20
Auteur: Jean
En 1971, l'Union soviétique (URSS) avait signé un accord avec la Syrie pour établir un point d'appui naval à Tartous, permettant d'assurer un accès stratégique à la Méditerranée, en cas de fermeture des détroits par la Turquie, membre de l'OTAN. Malgré la dissolution de l'URSS en 1991, cet accord perdura avec la Russie, qui a renforcé sa présence militaire en Syrie, notamment à travers des installations à Tartous et une base aérienne permanente à Hmeimim.
Cette présence militaire a permis à Moscou de soutenir le régime de Bachar el-Assad tout en offrant un point d'appui pour des opérations en Afrique, en particulier au Sahel. Cependant, la situation sur le terrain semble se détériorer pour la Russie. La montée des forces rebelles, notamment le groupe Hayat Tahrir al-Cham, a conduit à une évacuation progressive de la base de Tartous et à de possibles retraits de la base d'Hmeimim.
La perte des deux bases en Syrie serait considérée comme un revers pour Moscou. Le président russe, Vladimir Poutine, a nié cette hypothèse, affirmant que l'objectif initial d'empêcher la création d'une enclave terroriste avait été atteint. Toutefois, la perte potentielle de l'influence syrienne a conduit à un repositionnement stratégique de la Russie vers la Libye.
En Libye, la situation politique reste complexe, avec deux gouvernements rivaux se disputant le pouvoir : le Gouvernement d'unité nationale (GNU) basé à Tripoli, soutenu par la Turquie, et le gouvernement de « stabilité nationale » à Benghazi, soutenu par le maréchal Khalifa Haftar et plusieurs puissances, dont la Russie. Récemment, des rapports ont indiqué que la Russie a commencé à transférer des ressources militaires de sa base en Syrie vers la Libye, notamment des systèmes de défense aérienne S-300 et S-400, ainsi que des équipements nécessaires au soutien de l’Armée nationale libyenne (ANL).
Dans le cadre de cette stratégie, Moscou envisage également de moderniser le port de Tobrouk pour en faire une potentielle base navale. Le ministre italien de la Défense a récemment noté que ce transfert vise à renforcer la présence russe dans la région, où les États-Unis et d'autres membres de l'OTAN ont déjà des installations militaires.
Le chef du GNU, Abdel Hamid Dbeibah, a exprimé ses craintes que la Libye ne devienne un champ de bataille pour des luttes d'influence internationales, déclarant que toute intervention militaire étrangère serait inacceptable aux yeux du peuple libyen.
Cette dynamique soulève des questions sur les ambitions de la Russie en Méditerranée et son avenir stratégique face aux rivalités régionales. En effet, établir une présence militaire à Tobrouk offrirait à la Russie une meilleure capacité de surveillance sur les mouvements de l'OTAN en Méditerranée et un accès direct à des zones géopolitiquement sensibles, amplifiant ainsi son influence dans la région.
La rivalité croissante entre les grandes puissances, notamment la Russie et l'OTAN, dans des zones stratégiques comme la Libye et la Syrie témoigne d'une montée des tensions qui pourrait avoir des répercussions sur la sécurité et la stabilité dans toute la région méditerranéenne.