La répression meurtrière de l'opposition pacifiste à la colonisation en Cisjordanie
2024-09-15
Auteur: Léa
Aysenur Ezgi Eygi, âgée de seulement 26 ans, a tragiquement perdu la vie lorsqu'un tir de l'armée israélienne l'a frappée en pleine tête, le 6 septembre, lors d'une manifestation hebdomadaire à Beita, dans le nord de la Cisjordanie occupée. Ce rassemblement visait à protester contre l'expansion incessante de la colonisation israélienne.
Originaire des États-Unis et de Turquie, Aysenur était impliquée dans le mouvement International Solidarity Movement, qui soutient le peuple palestinien, tout comme la militante américaine Rachel Corrie, victime en 2003 d’un bulldozer israélien à Rafah, alors qu'elle tentait d'empêcher la démolition d'une maison palestinienne.
Le président américain, Joe Biden, a qualifié de "malheureux accident" le décès de sa compatriote, sans que son administration n'exerce davantage de pression sur Israël, comme cela a été le cas lors de la mort de la journaliste Shireen Abu Akleh en mai 2022 ou de l'humanitaire Jacob Flickinger en avril dernier à Gaza.
La répression s'intensifie contre les pacifistes
Le décès tragique d'Aysenur survient au moment où la colonisation israélienne à Jérusalem-Est et en Cisjordanie se renforce de manière alarmante, à une échelle que l'on n'avait pas vue depuis la deuxième Intifada entre 2000 et 2005, qui avait causé la mort d'un millier d'Israéliens et de trois fois plus de Palestiniens.
Des ministres israéliens aux discours suprémacistes prônent une réponse brutale à la contestation palestinienne, appelant à appliquer la même violence qu'à Gaza. Depuis le début d'octobre 2023, près de 700 Palestiniens ont été tués par les forces israéliennes et les colons dans les territoires occupés, tandis que vingt-quatre Israéliens ont également perdu la vie. Cette intensification de la violence répond, en grande partie, aux opérations militaires israéliennes contre des groupes armés basés principalement dans des camps de réfugiés palestiniens.
Le village de Bil'in, à l'ouest de Ramallah, est devenu le symbole de la lutte pacifique contre l'occupation. Depuis 2005, des manifestations hebdomadaires s'y déroulent pour dénoncer l'appropriation de 60 % des terres suite à la construction du mur de séparation. Bien que des succès limités, tels qu'un ajustement mineur du tracé du mur, aient été réalisés grâce à cette mobilisation, le prix a été très élevé : deux morts, de nombreux blessés, une centaine d'arrestations, ainsi qu'un blocus prolongé sur le village.
Aujourd'hui, la lutte pour la justice en Cisjordanie persiste, alimentée par un lourd bilan humain et des appels insistants pour une résolution pacifique du conflit. La communauté internationale est de plus en plus interpellée sur son rôle et ses responsabilités face à la détérioration de la situation et à la défense des droits des Palestiniens.