La Libye : la nouvelle forteresse de la Russie en Méditerranée
2024-12-24
Auteur: Emma
L'avenir de la présence militaire russe dans la région méditerranéenne soulève de nombreuses interrogations. Les satellites de renseignement montrent que la Libye pourrait devenir le principal point de repli pour Moscou, alors que l'incertitude plane sur l'avenir de ses bases en Syrie. Malgré la chute du régime de Bachar Al Assad, la Russie pourrait peut-être conserver des installations importantes à Tartous et Hmeimim, mais les experts estiment que la donne a changé.
Jalel Harchaoui, politologue au Royal United Services Institute (RUSI), avertit : « Le Kremlin va inévitablement perdre les conditions propices de ses opérations en Syrie. Les capacités de renseignement, l'approvisionnement en eau et en électricité vont souffrir. La Libye apparaît donc comme une véritable alternative, contrairement à des pays plus importants et souverains comme l'Égypte ou l'Algérie. »
Avec une population d'environ 7 millions d'habitants, la Libye dispose déjà de quatre bases militaires russes : Al-Khadim, Al-Joufra, Ghardabiya et Brak Al-Shati. Des signes d'activité militaire intensive émergent, en particulier dans l'est de la Libye, sous le contrôle du maréchal Haftar. Selon Itamilradar, deux avions de transport militaire Iliouchine-76TD ont établi un pont aérien vers la base d'Al-Khadim, accompagnés par des hélicoptères Alligator.
Mais ce n'est pas tout. Des équipements militaires sophistiqués sont transférés de Syrie vers l'est libyen. Le Wall Street Journal, s'appuyant sur des sources du Pentagone, rapporte que des avions-cargos ont décollé de la base de Hmeimim avec des systèmes anti-aériens avancés, comme les radars pour les systèmes S-400 et S-300.
« Ces équipements sont considérés comme la crème de la crème de l'armement russe, bien supérieurs à ceux actuellement en usage par le clan Haftar, » explique Harchaoui. Il est envisageable que Benghazi ait accepté ces renforts en contrepartie d'une partie du matériel pour sa propre défense, une demande persistante depuis des années. Cependant, Tripoli, la rivalité au pouvoir, considère ce transfert comme « inacceptable », avertissant les acteurs internationaux d'une escalade potentielle des tensions en Libye.
En somme, alors que la scène géopolitique en Méditerranée devient de plus en plus complexe, la manière dont la Russie utilise la Libye pourrait redéfinir son approche stratégique dans la région et avoir des répercussions sur l'équilibre des pouvoirs en Afrique du Nord.