Monde

La démocratie roumaine face à la menace russe : un tournant décisif

2025-04-03

Auteur: Jean

Depuis la condamnation de Marine Le Pen dans une affaire de financement caché de son parti, l'élection présidentielle roumaine de novembre 2024, annulée, est devenue une référence pour ceux qui critiquent ce qu'ils appellent la « tyrannie des juges » en Roumanie. Le 1er avril, Jordan Bardella a fait un parallèle frappant entre la peine d’inéligibilité infligée à Le Pen et la décision de la Cour constitutionnelle roumaine d’annuler le premier tour de la présidentielle, remporté par le candidat d’extrême droite prorusse, Călin Georgescu. Alors que les soupçons de soutien russe à Georgescu affluaient, des questions se posaient sur l'émergence rapide de sa popularité sur TikTok, une plateforme de médias sociaux influente auprès des jeunes électeurs.

Les juges constitutionnels roumains ont agi avec une rapidité et une détermination admirables pour protéger la démocratie locale, montrant un contraste saisissant avec le système judiciaire américain qui n’a pas été en mesure d’empêcher les dérives autoritaires sous l’administration de Donald Trump. Cependant, ces décisions n'ont pas été sans conséquences, provoquant un schisme profond dans la société roumaine.

En six mois, la Cour constitutionnelle de Bucarest a pris trois décisions majeures, transformant le paysage politique du pays. En octobre 2024, les juges ont d'abord interdit à la députée prorusse et antisémite Diana Iovanovici Sosoaca de se porter candidate, affirmant qu'elle avait toujours tenu des discours en contradiction avec les valeurs démocratiques et constitutionnelles roumaines. Cela a marqué un tournant, car pour la première fois depuis la révolution de 1989, les juges ont élargi leur contrôle sur la conformité des candidats, obligeant à vérifier la compatibilité de leurs convictions avec la Constitution.

Cette jurisprudence a en effet conduit à l'exclusion de candidats souhaitant rompre avec l'Union européenne, suscitant de vives critiques même parmi les pro-européens. Malgré cela, le 6 décembre, la Cour a décidé d'annuler l'intégralité du scrutin présidentiel seulement deux jours avant le second tour, se fondant sur des documents de renseignement indiquant des suspicions d'ingérence étrangère dans la campagne de Călin Georgescu. Cette décision a été accueillie avec consternation par de nombreux observateurs qui craignent que la démocratie roumaine ne soit mise en péril par des influences extérieures, notamment russes.

Alors que la Roumanie se trouve à un carrefour critique, ses institutions judiciaires semblent déterminées à défendre les principes démocratiques, mais le chemin à parcourir reste semé d'embûches. Dans un climat où les tensions géopolitiques augmentent, la vigilance et l'engagement des citoyens seront essentiels pour préserver les libertés démocratiques face à une menace qui ne fait que croître.