Le président colombien, Gustavo Petro, a pris la décision de suspendre les négociations de paix avec l'Armée de libération nationale (ELN) suite à une journée dramatique de violences ayant coûté la vie à au moins 30 personnes dans la région du Catatumbo, à la frontière avec le Venezuela.

Gustavo Petro a fermement déclaré sur le réseau social X : « Ce qu’a fait l’ELN dans la région du Catatumbo, ce sont des crimes de guerre. C’est pourquoi nous suspendons le dialogue avec ce groupe, car l’ELN ne montre aucune volonté de faire la paix ». Ces tensions récentes surviennent alors que la région est connue pour sa production massive de coca, atteignant plus de 52 000 hectares, engendrant des conflits pour le contrôle de ces ressources.

Les combats entre les rebelles de l’ELN et des dissidents des Forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC) se poursuivent avec acharnement. Le gouverneur de Norte de Santander, William Villamizar, a confirmé que des données inquiétantes font état de 30 personnes tuées, plus de 20 blessés et un nombre croissant de déplacés, laissant de nombreuses familles dans une situation de précarité.

Iris Marin, médiatrice pour les droits humains en Colombie, a dénoncé des actions ciblées de l’ELN contre les civils. Elle a rapporté que des personnes étaient assassinées "de maison en maison", par des membres de l’ELN qui considèrent ces victimes comme liées aux dissidents des FARC. Elle a précisé qu'au moins 20 personnes sont actuellement portées disparues dans la région.

Rappelons que Gustavo Petro, ancien membre du M-19, un groupe guérillero d'extrême gauche, a initié les négociations avec l'ELN à la fin de l'année 2022, dans l'espoir de mettre fin à des décennies de violence par le dialogue. Cependant, les récentes escalades de violence et les divergences au sein des négociations rendent difficile toute avancée significative. En septembre 2024, les pourparlers avaient déjà été suspendus avant de reprendre brièvement en novembre.

L'accord de paix de 2016 avec les FARC, qui a considérablement diminué la violence à un moment donné, semble s'effriter alors que de nouveaux acteurs armés comme le Clan del Golfo se sont intensifiés. Otty Patiño, négociateur de paix du gouvernement, a récemment accusé l’ELN d’utiliser des tueurs à gages pour tenter d'éliminer des fonctionnaires du gouvernement impliqués dans le processus de paix.

La Colombie, tout en étant le premier producteur mondial de cocaïne, fait face à une nouvelle crise de violence qui menace de réduire à néant des années d'efforts pour la paix. La population colombienne craint un nouvel envol de la violence alors que le pays se trouve à un tournant décisif dans sa quête de paix et de stabilité.